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Maroc – 4

Cette randonnée se partage en 4 pages:  01020304

Randonnée dans le Haut-Atlas, Maroc – 4

26 mai au 17 juin 2016

 

Texte et photos de Jean-François Bouchard
Augmenté d’une soixantaine de photos de Dominique Fourestier

Vendredi le 10 juin (jour 14)

Marche 07h00 à 13h00, 16h00 à 18h00; total de 8h00

La journée débute par une marche facile sur le plateau du Yagour, qui est en fait une haute vallée bordée au sud par une magnifique chaîne de montagnes resplendissante au soleil montant. Nous croisons de petits troupeaux et quelques fermes. Nous dépassons ensuite sa hauteur, le partage des eaux à un peu moins de 2300m. Puis nous atteignons la lèvre supérieure d’un magnifique (et profond) ravin qui nous fait descendre rapidement le long d’imposantes cascades vers le village d’Aguerd (1600m).

De là, c’est une route escarpée qui nous fait descendre vers le village de Tazitounte (1300m), en bordure de la rivière Ourika. C’est là que nous faisons la pause du midi, à la fraîcheur d’un bosquet aux abords de la rivière.

Nous retrouvons à cet endroit une abondance d’activité. Une route asphaltée très achalandée qui donne accès, un peu plus haut dans la vallée, aux lieux de pèlerinage du village de Setti Fatma. De nombreux commerces. Des piscines naturelles de l’Ourika qui accueillent les nageurs.

Notre départ pour la dernière étape de la journée est un peu retardée par la “disparition” de la californienne Patricia, à l’occasion d’une petite exploration personnelle. Heureusement, elle est vite “retrouvée”. Puis nous nous engageons dans la remontée très raide du versant opposé de la vallée, toujours vers l’ouest . Nous atteignons assez vite une magnifique falaise, rafraîchie par l’ombre au soleil baissant. Là, un berger, bien habillé comme s’il sortait en ville, tentait de convaincre les nombreuses chèvres de son troupeau de s’écarter des précipices.

Après une petite pause, nous terminons la montée, traversons un petit village et continuons un peu plus loin jusqu’au plateau de Tikhfert, vers notre camp (à 1700m) situé dans des prairies.

Samedi le 11 juin (jour 15)

Marche 06h30 à 12h00; total de 5h30

Malgré que le parcours de la journée est prévu comme étant court, nous quittons notre camp très tôt, question de profiter de la fraîcheur relative du matin. Nous sommes sur un plateau aux environs de 2000m avec de nombreux villages et de grandes étendues cultivées. Nous montons un peu (jusqu’à 2100m) et suivons bientôt une route en balcon qui domine la vallée de l’Ourika.

Nous avons l’impression que chaque petit vallon est occupé par un hameau ou un village, que chaque pente est cultivée. Nous avons constamment une très large vue, donnant autant sur le trajet de la journée précédente qu’offrant des vues plongeantes sur les gorges de l’Ourika.

La route descend doucement en direction du village de Tadrart dans la vallée. Puis nous traversons les plus petits villages de Anfi et de Tiourdiou, avant de continuer notre remontée de l’Ourika jusqu’au plus gros village de Timichi et ses terrasses cultivées, où nous logerons en gîte d’étape (2000m).

Dimanche le 12 juin (jour 16)

Marche 06h30 à 12h30, 15h00 à 16h00; total de 7h00

Dès le départ, nous nous engageons tout de suite dans la vallée d’une des deux branches de l’Ourika, dans une rude montée vers le col de Tizi n’Tachedirt (3170m).

Au cours de la première heure, nous ne cessons de croiser sur le sentier de nombreux muletiers et leurs bêtes en train de monter et de descendre. J’étais surpris d’une telle affluence alors que, jusqu’à maintenant, nous n’avions rencontré à peu près personne sur les sentiers. Je me disais qu’il devait y avoir beaucoup d’échanges avec la vallée où nous nous dirigions. Mais je me trompais. Il s’agissait plutôt d’une vaste opération d’approvisionnement en graviers (peut-être pour la fabrication de mortier ou de béton au petit village d’Amenzel juste dessous) depuis un point de la moyenne vallée.

L’ascension se continue et nous effectuons une pause au col. Ni l’altitude ni le vent n’affectent beaucoup notre confort; le soleil est toujours au rendez-vous, et nous avons de magnifiques vues des deux côté du col.

Nous nous engageons ensuite dans une descente plutôt directe. La pause du midi s’effectue à 2600m sur la rive d’un gros torrent, au voisinage de rochers gigantesques éboulés des pentes voisines. Le soleil tape très dur. Heureusement que notre cuisinier et son assistant ont songé à monter la tente-mess, mais sans ses parois latérales. Ainsi nous avons un agréable et reposant abri.

Au pied d’un des rochers, un des muletiers est allongé. Il ne va pas très bien. Compte tenu que nous sommes en plein Ramadan, les membres de notre équipe sont soumis au stress immense du jeûne et surtout du manque de boisson. Alors que pour ma part je peux sans peine boire de 3 à 5 litres d’eau pendant la journée de marche, nos équipiers se limitent à un simple rinçage de la bouche, et encore très occasionnellement. Ce muletier n’ayant pas suffisamment bu durant le repas du soir précédent et le second repas du petit matin, il a perdu une bonne part de ses capacités. Hamid a dû user de son autorité pour le forcer à boire et manger, avant de continuer son chemin. Il lui a d’ailleurs fallu attendre 48 heures avant de reprendre ses activités normales.

Nous arrivons dans une nouvelle vallée, qui nous paraît être densément occupée, celle d’Iminin. Nous traversons le gros village de Tachedirt (le plus élevé du Maroc, 2400m) avant de continuer la descente vers Ouaneskra.

Alors que nous n’avons à peu près pas rencontré d’autres randonneurs tout le long de notre périple, la situation change dans cette vallée. Nous apercevons ici quelques autres campements qui, compte tenu de la forte densité locale du peuplement, occupent tous des espaces restreints.

Nous campons nous-mêmes sur un terrain assez étroit (à 2200m), que le propriétaire est en train d’aménager comme un petit terrain de camping. Nous installons les tables à l’intérieur des murs (sans plancher ni toit) d’un futur restaurant !

Lundi le 13 juin (jour 17)

Marche 07h30 à 12h00, 15h00 à 16h30; total de 6h00

Nous continuons la descente de la vallée d’Iminin en traversant les villages de Ouaneskra, Tamguist et Timghrin, jusqu’à l’altitude de 1900m, avant de remonter par des zigzags jusqu’au col de Tizi n’Tamanert à 2200m. Nous y faisons la pause et prenons un jus d’orange frais pressé dans une buvette qui s’y trouve.

Nous redescendons,  découvrant de très belles vues sur les deux vallées d’Iminin et Aït Mizan. Nous sommes à la périphérie d’Imlil, le “Chamonix” de l’Atlas, le village qui sert de base et d’accès au Toubkal. L’on ne peut s’y tromper. Car on constate une abondance de gîtes de riads et d’hôtels. Sans compter la densité des marcheurs, campeurs et randonneurs, le plus souvent accompagnés de guides et de mulets.

Mais, juste avant d’entrer à Imlil, nous prenon un chemin latéral qui nous emmène vers le Toubkal. D’abord une bonne pause du midi à Aït Souka sous un frais bosquet de grands arbres, abritant plus d’oiseaux que nous n’en avons entendu depuis le début du voyage. Nous les entendons bien; mais nous ne les voyons à peu près pas, tellement le feuillage est dense.

Nous reprenons le chemin en remontant vers Aremd, le village bâti sur la moraine terminale de la vallée du Toubkal. Puis, moins de 45 minutes après le village, nous atteignons un beau site de campement (à 2100m) le long du sentier d’accès au massif.

Ce sentier peut certainement être très achalandé, que ce soit des montagnards en route vers le plus haut sommet d’Afrique du nord, soit des pèlerins se dirigeant vers le sanctuaire de Sidi Chamarouch. C’est donc un sentier large et facile.

Mardi le 14 juin (jour 18)

Marche 05h30 à 09h00; total de 3h30

Notre randonnée touche maintenant à sa fin. Les deux grands sommets finaux nous attendent, l’Ouanoukrim (4089m) et le Toubkal (4167m).

Pour cette journée, le groupe vise à établir le prochain campement aux environs des refuges du Toubkal (3200m), à un peu plus de 3 heures de distance, un parcours facile sur un sentier bien établi et bien achalandé.

Le gros du groupe ajoute le défi de continuer vers l’Ouanoukrim. Ces valeureux marcheurs seront en route dès 4 heures du matin, ils parviendront à faire l’ascension prévue et à regagner le nouveau camp vers 14 ou 15 heures.

Je n’envisage pas un tel effort et j’opte plutôt pour une montée directe au camp des refuges du Toubkal, et à profiter du reste de la journée pour lire, rêvasser et dormir un peu. Ça ne sera pas de trop, car nous sommes en route depuis plus de deux semaines maintenant et la fatigue de la randonnée se fait sentir.

Le départ du petit groupe des randonneurs “les moins vaillants” dont je fais partie est quand même donné avant le lever du soleil, de sorte que nous effectuons la première heure de montée à la lumière de nos lampes frontales. C’est au lever du jour que nous arrivons à Sidi Chamarouch, le lieu de sépulture d’un marabout (un saint) célèbre dans tout le pays. Ce modeste lieu de pèlerinage, niché dans le creux de la vallée (à 2300m) est très fréquenté à certains moments de l’année. On y recherche la guérison de maux physiques (stérilité féminine et rhumatismes) mais surtout de maladies spirituelles.

La montée se continue doucement dans la glorieuse lumière du matin. La vallée devient de plus en plus minérale. Attestation de la popularité de cette montagne autant pour les pèlerins que pour les montagnards, nous croisons fréquemment des boutiques offrant rafraîchissements, souvenirs touristiques et saintes reliques. Nous croisons quelques groupes de marcheurs qui redescendent, dont un groupe de dames japonaises qui maintiennent une allure très lente.

Nous arrivons très tôt au site choisi pour notre camp (à 3100m). Les mulets viennent à peine d’arriver et les muletiers commencent à monter les tentes. Notre terrain est agréable, avec une magnifique vue de la vallée et des chaînes environnantes, en plus des refuges. Mais, il est clair que le nombre de groupes qui fréquentent le voisinage des refuges est tellement grand que la qualité de l’environnement en pâtit grandement; le camp est entouré d’immondices de toutes sortes.

Le groupe des “braves” de l’Ouanoukrim nous rejoint un peu avant 15h00.

Mercredi le 15 juin (jour 19)

Marche 05h00 à 08h30, 09h00 à 12h00, 13h30 à 16h30; total de 9h30

Nous en sommes à l’avant-dernière journée du voyage, celle de l’ascension du Toubkal, le terme et le joyau de la randonnée. Le signal du départ est donné très tôt. Nous marchons environ une heure à la frontale. Cette ascension du plus haut sommet d’Afrique du Nord se fait sans difficulté majeure par la route dite “normale”, un couloir très fréquenté mais d’approche assez facile. Il passe dans de petits éboulis, sur des plaques rocheuses ou de petits résidus de névés. Au bout de 2h30 de marche, nous arrivons à une large arête où nous sommes projetés de l’ombre à la lumière du jour naissant. La vue vers le sud s’ouvre à nous, avec une abondance de nuées cotonneuses au fond des vallées.

La crête finale est large et se couche peu à peu à l’approche du sommet qui pourtant plonge en grandes falaises sur le lac d’Ifni à l’opposé. Le sommet, que nous atteignons une heure plus tard, offre une large vue sur la plaine de Marrakech au nord et sur l’Anti-Atlas au sud. Nous avons surtout une bonne vision générale de l’alignement de vallées et de sommets que nous venons de longer depuis près de trois semaines.

Nous descendons par le même itinéraire pour rejoindre le camp (qui est déjà démonté et déménagé pour l’essentiel) et y prendre le repas du midi. Puis, après un court repos, nous filons vers le site du campement de l’avant-veille, juste avant Aremd.

Au total, cette journée représente plus de 1000m de montée et 2000m de descente. C’est pour moi un record journalier.

Jeudi le 16 juin (jour 20)

Marche 08h30 à 10h00; total de 1h30

Ce matin, le temps est un peu maussade. Les nuages sont très présents. Il ne pleut pas mais nous devons compter sur un mélange de bruine et de rosée. Cela fait contraste avec toutes les autres matinées du voyage. C’est la première fois où la température n’est pas absolument parfaite.

Il ne reste plus que 90 minutes de descente tranquille pour atteindre le village d’Imlil, le “Chamonix” du Toubkal. Nous nous prenons un rafraîchissement à l’Hôtel Soleil, puis notre dernier repas de groupe dans le terrain de foot et stationnement à l’entrée du village.

C’est à cet endroit que notre minibus nous prendra en charge. Pendant le repas, deux camionnettes arrivent pour prendre les mulets et leurs muletiers, et les ramener en un voyage de 6-7 heures au départ de la randonnée. Un 4×4 se chargera de ramener le matériel à Marrakech.

Sitôt partis sur la route, Hamid est informé par téléphone qu’un des 8 mulets est tombé raide mort une fois chargé dans son véhicule. Retour à Imlil, pour régler le cas. Puis le minibus nous ramène à Marrakech. Nous nous installons à l’hôtel. Puis chacun vaque à l’organisation de son retour à la maison.

Jean-Marc et moi retournons à la place Jemaa el-Fna pour un dernier repas marocain. Nous choisissons cette fois la haute terrasse d’un café-hôtel. De notre perchoir, nous pouvons assister à l’excitation qui entoure l’appel à la prière du soir à la petite mosquée de la place. Et nous observons que l’activité de la place est beaucoup moins intense en cette période de Ramadan qu’à d’autres moments.

Vendredi le 17 juin (jour 21)

Pour la majorité des membres du groupe, c’est la journée du retour à la maison. Chacun à son horaire, selon la destination. Pour moi, c’est le même itinéraire qu’à l’aller, avec un départ de Marrakech en fin d’avant-midi, un départ de Casablanca en fin d’après-midi et une arrivée à Montréal au milieu de la soirée. Louise est venue m’attendre à l’aéroport, et nous revenons ensemble à Québec, avec plein de choses  à nous raconter.

 

 

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