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Canarias – Lanzarote

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Du 30 janvier au 9 février 2018

Lanzarote est une grande île volcanique, reconnue pour son climat sec, presque désertique. Elle occupe la position la plus orientale de l’archipel. Sa superficie, incluant la petite île de La Graciosa et les îlots qui entourent cette dernière est de 887 kilomètres carrés. Sa population s’établit à 141,000 habitants.

Le climat de Lanzarote est très sec, et les sols volcaniques plutôt pauvres; mais ces conditions s’avèrent parfaites pour la culture de la vigne.

Lanzarote

Lanzarote est l’île la plus volcanique, la plus sèche, la moins élevée de tout l’archipel. Elle prend la forme d’un immense champ de lave, d’où émergent des centaines de cônes volcaniques et des calderas multiples. Le tout est recouvert d’une sorte de poussière de cendres agglomérée en un gravier noir très léger. Au-dessus de tout ça, il n’y a souvent pas de végétation, à moins que ce soient des cactus et plantes grasses aux multiples formes. En ce sens, l’île est unique par rapport à ses voisines.

L’introduction à Lanzarote doit se faire par le biais de l’apport de César Manrique , un grand artiste local (mais à la réputation européenne et nord-américaine avérée). Son amour pour son île, toute pauvre qu’elle était, surtout avant l’implantation du tourisme, lui a fait orchestrer un mise en valeur des sites et particularités locales. Tous les grands sites culturels et touristiques portent sa marque, de peintre, de sculpteur et d’architecte.

Mardi 30 janvier

À l’atterrissage, le décor de l’île, plutôt foncé, sinon noir est émaillé de nombreux petits villages, composés uniquement de maisons cubiques, toutes blanches, et ne dépassant jamais un rez-de-chaussée et un seul étage. Ainsi l’exige la tradition, encore renforcée par le désir des pouvoirs publics (sous l’inspiration de Manrique) d’une unité du paysage.

Nous logeons à El Mojón, un des plus petits villages de l’île, avec seulement 104 habitants. Nos propriétaires sont Ana, native de Lanzarote, et Nicolas, venu de France il y a 22 ans pour un séjour de 3 mois, et que l’amour a retenu. Ils ont maintenant 2 fils, Paul et Gaston.
Le studio que nous occupons est plutôt particulier. Construit d’abord pour recevoir des visiteurs de la famille française, il s’agit d’un bloc en dur comprenant chambre et salle de bains, assorti d’une cuisine-living entièrement ouverte sur la cour. Ça fait un peu « camping ». Probablement fort agréable en plein été. Mais, ce n’est pas chaud du tout dans les conditions hivernales qui nous touchent. Il y a moyen de rabaisser des toiles devant la grande ouverture sur la cour, mais ça ne protège pas vraiment du froid.

Nos lectures préparatoires nous font attendre de Lanzarote un climat chaud et sec. Ce que nous aurons, ce sera un climat exceptionnellement hivernal, qui inquiète même la population locale. Les températures oscillent entre 12 et 16 degrés le jour, mais la présence de très forts vents et de pluies fréquentes ne fait rien de bon pour nous garder au chaud.

 Mercredi 31 janvier

Il a plu et venté toute la nuit. Au lever, nous constatons qu’aucune des 3 lucarnes n’est étanche. Le plancher est mouillé. La couverture du lit un peu aussi. Lorsque nous lui en parlons, Nicolas remplace les scellants et ça règle le problème. Face à la température hivernale inconfortable, nous nous demandons si nous avons bien lu notre information avant de commencer ce voyage. Nous nous attendions à un climat assez chaud et très sec. Ce n’est pas du tout ce que nous avons.

Nous partons vers Orzola, à la pointe nord de l’ile. Nous y admirons la côte sauvage, puis nous grimpons vers le Mirador del Rio, un point de vue qui domine les hautes falaises de cette région.

Nous allons en direction de Teguise, le grand village le plus proche, et l’antique capitale de l’île. Pour nous faire plaisir, nous entrons dans un bar. Nous sommes attirés par une planche de tapas (presque l’équivalent d’une picada argentine). On nous surprend avec une gigantesque plaque d’ardoise débordante de toutes sortes de tapas. C’est bon, mais il y en a trop. Nous pourrons faire un autre repas avec les restes rapportés à la maison.

Jeudi 1er février

Nous commençons cette journée par une visite à Teguise. Nous grimpons sur la colline qui domine le village, une autre caldera, pour nous approcher du château de Santa Barbara, siège d’un musée de la piraterie. De là, nous avons une belle vue sur la plaine centrale de l’île.
Nous continuons vers le Parc national de Timanfaya. Nous visitons avec attention le beau Centre d’interprétation. Une belle instruction sur le volcanisme, et sur les éruptions historiques de 1730-1736 qui ont dévasté un cinquième de l’île. Nous reviendrons plus tard dans notre séjour pour faire le tour guidé des phénomènes volcaniques.

Nous continuons un peu plus loin et nous nous arrêtons à un site où l’on propose des promenades sur dromadaires, de dignes bêtes que les premiers colons de l’île avaient importés depuis la côte africaine toute proche, à 140 kilomètres.

Nous continuons notre périple automobile vers le petit village de El Golfo. Belles perspectives sur la mer. Larges salines traditionnelles. Et aussi une des usines de désalinisation d’eau de mer qui alimentent l’île.

Nous revenons par la Geria, la zone vinicole qui a bénéficié des retombées positives des pluies de cendres des éruptions du 18ième siècle. Nous passons devant les caves de El Grifo et des Bodegas Bermejos, les deux principaux vignobles, dont Yvan Rouleau nous a déjà fait connaître les vins.

Nous avons eu un bon bout sans pluie en après-midi, mais le vent persiste. Sur la route des vins, un orage important nous a même forcés à garer la voiture en bordure de chaussée, tellement il était intense.

Vendredi 2 février

Nous continuons d’hésiter à nous lancer dans une quelconque randonnée, tellement la météo est mauvaise, et surtout instable.Nous choisissons de visiter quelques sites touristiques, aménagés par le pouvoirs publics, sous l’habile direction (et l’esthétique sans faille) de César Manrique.

Nous commençons par les Jameos del Agua. Il s’agit de l’aménagement d’une petite portion d’un ancien tunnel de lave, d’une longueur dépassant les 6-7 kilomètres, un des plus longs au monde. L’aménagement intègre deux sections ouvertes au toit effondré, avec une piscine, un lac naturel hébergeant de minuscules (1 centimètre) crabes albinos et aveugles n’existant qu’à cet endroit, et une magnifique salle de spectacle souterraine. Le tout exécuté avec beaucoup de goût et d’esthétique.

Nous continuons vers le Jardin de cactus, un autre projet de Manrique. Plus de 500 espèces de cactus dans une grande fosse empierrée, qui était à l’origine une carrière. Une belle collection, dans un environnement esthétique.

Nous faisons pique-nique en bordure de mer au hameau de Los Cocoteros. La mer est belle. Le soleil est bien là. Mais il ne fait pas assez chaud pour laisser le confort de la voiture.

Nous décidons ensuite de pousser vers la capitale, Arrecife. Nous visitons le « vieux port ». Puis nous bravons les vents jusqu’au Fort de Saint-Gabriel, un ancien bastion qui abrite le Musée historique de l’île. La ville ne nous paraît pas particulièrement remarquable.

Samedi 3 février

Youpi ! La météo annonce « aucune pluie ». Il ne nous en faut pas plus pour envisager une randonnée, une vraie. Nous nous dirigeons vers le parc national, dans ce que les anciens appelaient le malpaís, le mauvais pays. Il s’agit de la vaste zone des écoulements volcaniques, des laves chaotiques, émises par les éruptions de 1730. Nous visons le cône de la Caldera Blanca, l’un des plus gros du coin. Ce cône est d’une belle symétrie. Nous l’atteignons en moins de 90 minutes, après la traversée d’un chaos minéral innommable où à peu près aucune végétation n’a prise, à l’exception des lichens. Après 400 ans, la vie n’a toujours pas repris le dessus.

Le lieu de notre randonnée n’était pas tout à côté de notre base. Mais, l’île est à ce point petite (à peine plus vaste que les 700 kilomètres carrés du parc de la Jacques-Cartier), et le réseau routier à ce point développé que ce n’était pas un exploit.

La campagne de Lanzarote tranche avec celle de Gran Canaria. Elle est très propre et très ordonnée. Les maisons sont toutes cubiques, toutes sans exception peintes en blanc, avec les montants de fenêtres et de portes peints en vert. C’est à la fois la marque de la tradition, et du renforcement par la suite apporté par le mouvement lancé par César Manrique. La rumeur veut même que l’artiste aurait acheté des dizaines de milliers de litres de peinture blanche, pour revendre à ses concitoyens !

Ce matin, ce midi en fait, nous avions observé de l’activité juste à côté de la petite église du village. Une bâtisse comme les autres, mais avec ce qui paraissait être une certaine activité de restauration. Il s’avère qu’il s’agit de ce que l’on appelle ici un teleclub, un centre social de village, offrant un lieu de rencontre, un bar, un restaurant. Comme El Mojón est un bien petit village, son teleclub n’est ouvert qu’en fin de semaine. Ces établissements offrent un menu simple, à bas prix. Au retour de notre randonnée, je m’y pointe pour vérifier les heures d’ouverture. Il est plus de 16 heures. La salle est archi-pleine. Le bar est couvert de centaines d’assiettes vides, en attente de passer à la vaisselle. Le patron me confirme que nous pourrions venir manger aussi tard qu’à 20 heures. C’est ce que nous faisons ce soir là. L’atmosphère est bien différente à ce moment car la salle est maintenant vide et les employés sont bien occupés à ranger et nettoyer. On nous sert toutefois un très bon repas, de corvina et de poulet.

Dimanche 4 février

Aujourd’hui, la météo est bonne. Du soleil. Pas trop de vent. Et surtout pas de pluie. Voilà la belle occasion pour traverser vers la petite île de La Graciosa, ce petit désert situé à la pointe nord de Lanzarote. La mer est forte dès la sortie du port, mais elle se calme dans le canal qui sépare les deux îles.
Nous décidons d’aller dans la partie orientale de l’île et de longer la mer vers le hameau de Pedro Barba. Le sentier est ultra facile à suivre, tout délimité de part et d’autre qu’il est de lignes de pierres et de petits piquets de bois numérotés. Aucun risque de nous perdre. Nous longeons la mer, d’abord le long de récifs où se brisent les vagues, puis le long d’un front de falaises. Au bout de 90 minutes, nous faisons halte dans le petit hameau touristique, pour y casser la croûte. Nous poursuivons ensuite, encore le long de la mer. On admire les quelques îles situées au nord, des îles de toute évidence désertes, des volcans émergés que la mer s’acharne à attaquer.

Nous savons que nous n’aurions pas le temps de compléter le tour de cette moitié orientale de l’île. Nous croisons une espèce de chemin qui nous ramène vers le centre de l’île. Le retour vers le port s’effectue le long d’une petite route qui surplombe le port et nous donne une vue panoramique sur les grandes falaises de Lanzarote.

Pour la finale, nous hésitons à suivre le chemin, qui fait une large boucle qui nous apparaît inutile, et nous décidons de piquer droit à travers des potagers et des dunes. Sitôt engagés dans ce raccourci, nous découvrons quelque chose de bien étrange. Aussi loin que le regard puisse porter, chaque mètre carré du sol est couvert de centaines de petites coquilles d’escargots, toutes blanches, toutes vides. C’est surprenant. À croire que, chaque année, cette île pourtant très sèche et déserte subit une invasion incroyable d’escargots. Le mystère demeure. Nous attrapons l’avant-dernier traversier vers Orzola sur la terre ferme.

Lundi 5 février

Il fait assez beau aujourd’hui. Nous décidons de retourner au parc national, cette fois ci pour effectuer la tournée organisée de la zone volcanique centrale. Il est en effet interdit de randonner librement dans le parc, à l’exception d’un tout petit itinéraire qui doit se faire en compagnie de guides.
Nous nous rendons à un point d’intérêt appelé Las montañas de fuego, où nous pourrons nous immerger dans l’atmosphère volcanique des lieux. Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée. Il faut attendre une trentaine de minutes pour avoir accès au stationnement. Mais, une fois garés, nous pouvons tout de suite monter à bord d’un des autobus qui fait le circuit volcanique.

Quelle belle tournée! La route est très peu intrusive, tout juste ce qu’il faut pour la circulation des véhicules. Surtout, elle est très bien tracée, serpentant dans tous les recoins et les craques du terrain. Nous sommes gratifiés d’une abondance de points vues, autant des panoramas immenses sur la plaine de lave et les calderas que sur des détails de craquelures et de cheminées.

Au retour de ce circuit, nous réalisons que la grande bâtisse qui abrite les services est située en un site bien particulier. Même s’il s’agit du sommet d’un vaste piton rocheux, le volcanisme est très présent. Le sous-sol doit être bien chaud, car on ressent un peu partout de la chaleur qui s’échappe. Nous assistons à quelques démonstrations à seulement quelques mètres de l’édifice du centre. D’abord, on dépose un paquet de broussailles aux abords d’un puits; en quelques minutes, les branches s’enflamment. On verse un seau d’eau dans l’embouchure d’un tuyau de métal fiché dans le sol; en quelques secondes, le tuyau éjecte un plumeau de vapeur. Puis, autour d’un puits situé à l’intérieur même du restaurant, on peut observer la cuisson de viandes à la chaleur intense de ce puits. Tout ça est bien impressionnant.

Mardi 6 février

Nous allons en ville ce midi, pour y trouver un horloger qui puisse remplacer la pile de ma montre. En effet, depuis le début du voyage, celle-ci ne cesse de s’arrêter puis de repartir, à son gré. Ce n’est ni commode ni fiable. Les horlogers semblent tous être incapables d’ouvrir ma montre. Finalement, nous en trouvons un. Nous lui laissons la montre. À notre retour, il nous dit que la pile est correcte, et qu’il n’est pas nécessaire de la changer. Seulement, il nous assure que lors du dernier remplacement de pile, l’horloger avait posé une pile déjà affectée par le vert-de-gris. Il n’a eu qu’à nettoyer la surface de la pile pour relancer la montre. Or, nous savons que cette pile avait été remplacée par un horloger d’un quartier pauvre de Katmandou en mai dernier. Nous ne sommes pas surpris. L’horloger ne nous demande absolument rien pour la « consultation ».

Nous poursuivons vers la route des vins. Un premier arrêt à Los Bermejos, et on nous demande de revenir le lendemain pour une vraie visite. Nous continuons vers El Grifo, le plus vieux vignoble des Canaries, et un des plus anciens d’Espagne, avec une histoire de presque 300 ans. Le musée est riche en objets et en observations. Le vignoble est particulier. Certaines vignes sont plantées dans des cônes creusés de plus de 1 mètre dans la cendre volcanique. Certaines autres vignes colonisent de profonds puits allant jusqu’à 2 ou 3 mètres directement dans la roche volcanique. La plupart poussent le long de murets de pierre, dans des petites chambres rectangulaires destinées à abriter du vent.

Mercredi 7 février

Aujourd’hui, la météo est encore plus moche. Nous nous rendons au rendez-vous de visite du vignoble de Los Bermejos. La visite sera longue, interrompue qu’elle est par de violents orage, mais surtout par la surabondance imprévue de visiteurs. Notre guide doit plusieurs fois interrompre la visite pour servir des dégustations ou pour vendre des bouteilles. Nous ne nous en formalisons pas, et laissons le temps passer. Nous aurons notre petite dégustation. Puis, retour à la maison.

Jeudi 8 février

Nous visitons la Fondacion Cesar Manrique, un musée qui loge dans l’admirable maison construite par l’artiste à la fin de sa vie. L’immeuble est extraordinaire en ce qu’il est situé sur un aride champ de laves noires, et qu’il utilise les tunnels et les bulles naturels qu’on y trouve. Le contraste entre la lave noire, la maçonnerie blanche et la vitre est de toute beauté. Nous regardons un fort intéressant film sur la carrière multi-facettes de l’artiste.

Vendredi 9 février 

Aujourd’hui, nous retournons à l’aéroport, pour un vol vers Tenerife. C’est là que nous retrouverons Delphine, son mari Philippe, ses petites filles Alice et Elsa, ainsi que les parents de Philippe, tous venus passer une semaine au soleil (!!!!!!). Même si nous logerons dans le sud de l’île, pour être plus proche des amis, nous n’atterrirons pas à Tenerife-Sud, l’aéroport des vacanciers; nous arrivons plutôt à Tenerife-Nord, l’aéroport des Canariens.

 

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