Mon "scrapbook", tout simplement

Canarias – Tenerife

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Du 9 au 27 février 2018

 

L’île de Tenerife est grande puisqu’elle a une superficie de 2034 kilomètres carrés. Sa géographie est dominée par le Teide (3718 mètres), un volcan important situé à seulement 12 kilomètres de la mer. C’est le plus haut sommet de tout le territoire espagnol, dépassant même les plus hautes cimes des Pyrénées (l’Aneto 3404 mètres, le Mont Perdu 3355 mètres) et de la Sierra Nevada (le Mulhacén 3478 mètres).

La population de l’île est d’environ 907,000 habitants. Ils sont surtout concentrés dans la capitale, Santa Cruz, et sa principale banlieue, La Laguna.

Vendredi 9 février

Nous arrivons à l’aéroport de Tenerife-Nord au milieu de l’après-midi. Cet aéroport, situé tout à côté de la ville principale de l’île, Santa Cruz, est l’aéroport des Canariens et du réseau inter-îles. Les touristes, en particulier ceux qui sont attirés par les plages et les séjours au soleil, utilisent pour leur part l’aéroport de Tenerife-Sud, à 50 minutes de là, plus près des plages.

Comme nous nous rendons justement à Tejina de Isora, au-dessus de cette zone touristique, il nous faut rouler une bonne heure. La région dédiée au grand tourisme n’est pas belle. La nature est sèche. Les implantations touristiques sont énormes et laides. Nous sommes contents de loger dans un assez petit village qui n’est pas envahi par les hôtels et tous les services touristiques.

Nous trouvons assez facilement notre logement. Les indications des propriétaires étaient claires. Ceux-ci nous attendaient devant le bar d’à côté. Le contact est donc très facile. Notre logement est l’une de deux petites maisons récemment construites par Guadalupe et son mari. Notre maison est mignonne, avec toutes les facilités possibles, depuis le fer à repasser jusqu’à la petite piscine et jusqu’au barbecue. Nous y serons très bien. De plus, après notre difficile expérience de Lanzarote, nous apprécions la banale présence de vrais murs, de vraies portes, pour clore notre logement lorsque la fraîcheur du soir apparaît. Nous n’hésitons pas à partager notre bonheur avec Guadalupe. Nous sommes vraiment contents.

Notre propriétaire nous accueille vraiment bien. Il y a même du vin et du mojo fabriqué maison, cette sauce bien canarienne, dans le frigo pour nous. Et Guadalupe communiquera avec nous par courriel chaque jour de notre séjour.

Samedi  10 février

Journée d’organisation. Une visite au marché  des agriculteurs d’Adeje tout proche. Les emplettes au supermarché Lidl pour le séjour. Lecture. Écriture. Correspondance. Et le plaisir de ne plus avoir froid, dans un climat meilleur, et dans un logement réchauffable.

Dimanche 11 février

Nous avons choisi de nous installer dans cette région de Tenerife pour les premiers 10 jours, de façon à être proche de l’amie Delphine, qui passera une semaine avec son mari Philippe, ses filles Alice et Elsa et ses beaux-parents Louis et Chantale dans un hôtel de Puerto Santiago, qui se trouve à une vingtaine de minutes.

Comme ceux-ci n’arrivent de Lyon et de Paris que dimanche soir, nous avons toute la journée pour nous. Nous décidons de faire une randonnée facile autour du sommet de la Montaña del Agua (la montagne de l’eau), situé à proximité. Il s’agit d’un massif qui marque la limite entre le sud de l’île (sec) et le nord (plus humide). Cette zone est réputée pour bloquer les vents des alizés, qui y déposent leur humidité. La végétation est abondante, en particulier la forêt connue sous le nom de « laurisilva »,

La laurisylve est un type de forêt subtropicale humide particulière aux îles de la Macaronésie (les Açores, Madère et les Canaries). Elle présente des sols profonds et occupe les versants septentrionaux soumis aux brumes des alizés. Ces forêts sont dominées par les lauriers à feuilles persistantes, pouvant atteindre jusqu’à 40 mètres de hauteur. C’est un environnement très différent des cactus et des sols désertiques de Tejina de Isora.

La randonnée se fait au départ du petit village de Erjos, que nous aurons l’occasion de fréquenter souvent pendant ce séjour, ne serait-ce que parce qu’il se trouve sur la route qui unit à l’ouest le nord et le sud de l’île. Erjos est à 1000 mètres d’altitude. La différence de température est évidente. L’humidité est très présente. Le ciel est couvert. Un déplacement sur à peine une vingtaine de kilomètres, et nous avons changé de pays.

Nous nous engageons sur une très belle piste dans la forêt de laurisilva. Elle est construite comme un chemin, et sert probablement de canalisation d’eau. Nous sommes dimanche et ça paraît; nous y croisons de nombreux marcheurs et cyclistes.

Au bout d’une quarantaine de minutes, nous constatons que la forêt humide commence à dégoûter. Nous supposons d’abord que la laurisilva capte les brumes qui montent. Mais nous finissons par accepter qu’il s’agit bien de pluie. Nous prenons la décision de revenir sur nos pas. Tout au long de notre retour, l’intensité de la pluie augmente. Nous commençons à être trempés au moment où nous revenons à la voiture.

Nous sommes déçus. Mais, au moment où nous passons le col d’Erjos, nous constatons que la température est nettement meilleure sur le versant sud. Nous obliquons vers Puerto Santiago, où logeront Delphine et sa famille, pour constater que, là-bas la température est beaucoup plus chaude, qu’il n’y a pas eu de pluie, et que les vacanciers portent leurs plus légers vêtements estivaux. Nous jurons dans ce nouvel environnement, avec nos gros vêtements de randonnée. C’est sur le bord de la mer que nous pique-niquerons.

 Lundi 12 février 

Delphine, qui est arrivée en milieu de soirée la veille, organise une visite du côté du village de Masca, dans une vallée remarquablement accidentée, entre la Montagne de l’Eau, visitée la veille, et les formidables falaises des “Gigantes”. Elle communique avec nous par téléphone et nous donne rendez-vous à Masca même.

La distance à couvrir n’est pas très grande. Après un premier bout de parcours sur la nouvelle quasi-autoroute jusqu’à Santiago del Teide, nous nous engageons sur une petite route qui grimpe au-delà des 1100 mètres. Aussi « acrobatique » que nous semble cette route, nous avons la surprise, une fois le col dépassé, de découvrir que la descente vers Masca sera encore beaucoup plus remarquable. Une route très étroite toute en épingles bien serrées. Une circulation folle: des autos bien sûr, des taxis-minibus mais aussi de grands bus bien larges et bien longs. La descente au village est bien délicate. Le stationnement dans le minuscule parking et le long de la route encore plus.

Delphine nous rejoint. Nous nous retrouvons tout simplement, comme si nous nous étions laissés la semaine précédente. Les petites ont beaucoup grandi. Alice a maintenant 4 ans et demie, Elsa 3 ans. Nous faisons le tour du village, et admirons les pics et les précipices qui l’entourent de toutes parts. Puis nous nous attablons dans un café à côté de l’église pour partager le repas du midi. Forts de notre expérience positive du café de Teguise, Louise et moi prenons un assortiment de « tapas », qui s’avère bon mais pas aussi exceptionnel que celui de Teguise; par contre, le choix de sauces est remarquable, des mojos, une sauce à l’ail, mais surtout deux sauces au puissant miel local, qui ajoutent de l’intérêt à tout. Le vin local est aussi bien agréable.

Nous continuons sur cette même route étroite et extrêmement tortueuse, en direction de Buenavista sur la côte nord et du phare de la pointe de Teno, au coin nord-ouest de l’île. La route vers le phare se glisse au pied de stupéfiantes et verticales falaises de roche très sombre; elle est protégée sur une bonne longueur par de substantiels filets d’acier qui la surplombent sur toute sa largeur; les gros cailloux qui y ont été arrêtés témoignent du danger de ces falaises.

La pointe elle-même est un plateau attaqué sur deux côtés par une mer très active. Les filles sont enchantées de pouvoir courir sur les surfaces de méchants cailloux aux arêtes acérées, pendant que parents et grands-parents s’inquiètent des nombreuses possibilités de chute. De cette pointe, nous avons une vue remarquable sur les « Gigantes », des falaises à pic qui s’élèvent d’un trait de 800 mètres depuis la mer. Leur sombre surface rocheuse est très austère.

Nous terminons cette journée par une visite de la petite ville de Garachico, qui fut un temps, au début de la colonisation, la capitale de l’île et son principal port. Mais une éruption de cette époque l’a recouverte de tellement de lave qu’une bonne partie de la ville a été détruite, et son bon port a été oblitéré. La ville a été rapidement reconstruite; elle conserve à ce jour un charme ancien. Le port, lui, avait été rempli d’une épaisse couche de pierre. Il n’en subsiste aujourd’hui que le monument de la « Puerta de Tierra » (la porte de terre); il marquait naguère le passage obligé des marchandises embarquées et débarquées sous douane, comme la « India Gâte » de Bombay. Il demeure debout aujourd’hui dans un charmant parc profondément enfoncé sous le niveau de la ville actuelle, et à 500 mètres de la mer.

Mardi 13 février

Le groupe de Delphine veut visiter Santa Cruz, la grande ville de l’île; nous préférons randonner. Nous choisissons une assez courte randonnée au départ de la petite ville d’Arona en direction du « Roque del Conde » (le rocher du comte). Le départ est à 500 mètres d’altitude. Nous traversons d’abord des quartiers excentriques encore un peu ruraux. Puis nous entamons la traversée de deux petits « barancos » qui ponctuent le paysage très aride, où les traces d’anciennes cultures aujourd’hui abandonnées sont bien claires. Nous traversons ensuite un « baranco » plus grand, tout en profondeur. Pour Louise et pour moi, la traversée d’un sillon aussi abrupt rappelle bien des rivières népalaises.

Comme partout ailleurs dans les Canaries, le sentier est très bien tracé, travaillé et marqué. C’est un plaisir de le suivre. Nous abordons ensuite une maison ruinée, qui marque le début d’une vaste zone de terrasses abandonnées, maintenant couvertes de cactus. Le sentier longe deux antiques aires de battage du grain, d’une quinzaine de mètres de rayon; elles sont extrêmement bien conservées, encore en état de servir; il faut dire que la pierre volcanique locale est suffisamment dure et acérée pour conserver ses qualités à travers le temps.

C’est ici que l’ascension de la montagne s’amorce vraiment. Encore que les chemins et sentiers construits par les agriculteurs anciens ménagent nos efforts. Plusieurs sections sont même recouvertes de pavés. Nous arrivons à une arête, où nous avons pour récompense la vue sur la côte touristique de Los Cristianos. Une petite pause. Mais le sentier continue, beaucoup plus étroit et pentu, pour gravir le “roque” proprement dit. Il n’y a plus ici de présence agricole. Nous ne cessons de croiser des randonneurs qui descendent; nous sommes partis tard, et ça paraît ! La vue est encore plus vaste depuis le sommet, puisque nous avons aussi une vaste vue vers les hauteurs, jusqu’à Vilaflor, jusqu’aux sommets qui délimitent (à 2500 mètres) la haute vallée du Teide. L’effort est bien récompensé. Nous pouvons sortir le pique-nique. Retour tranquille vers Arona puis notre appartement à Tejina de Isora.

Mercredi 14 février

La météo est bonne au volcan Teide. Delphine nous dirige tous vers cette montagne unique. Pensez-y. Une altitude de 3887 mètres, à seulement 12 kilomètres de la mer. Le Teide se classe parmi les montagnes dont la proéminence est la plus importante dans le monde. Il est rare qu’un sommet domine autant sont environnement.

Nous avons d’abord envisagé prendre le téléphérique qui nous aurait amené juste 200 mètres en dessous du sommet. Mais le coût élevé et les conseils des employés de l’hôtel de Delphine nous font changer d’idée. Nous nous donnons rendez-vous aux abords de la base du téléphérique. Nous serons alors au fond d’une grande vallée, autour des 2000 mètres, qui est en fait un effondrement volcanique. La montée s’effectue par une très bonne route, très courue par les cyclistes. Le décor très aride de ce côté ouest de l’île cède vers les 1200 mètres à une magnifique pinède, installée sur les champs de lave. Des nuages (ou est-ce de la brume ?) s’accrochent au paysage. Mais, une fois rendus à la lèvre de la grande vallée sous le Teide, le ciel se dégage entièrement. Ciel ultra-bleu, comme il se doit en altitude. Plein soleil. Aucun nuage. Des traces de neige en plaine, et un sommet enneigé.

Nous nous retrouvons facilement, grâce à la ligne espagnole de notre téléphone. Louis, le père de Philippe (et le beau-père de Delphine), a prévu en bon Français l’apéro au stationnement: un kir avec un petit vin de Tenerife. Pas de verre ? Qu’à cela ne tienne ! Des bouteilles d’eau de 250 ml coupées par le milieu font bien deux honnêtes verres ! Nous faisons ensuite une petite marche vers un gros button rond, qu’il faut « escalader » avec les filles pour pique-niquer. Louis a encore prévu la boisson: un petit vin rouge local. La journée est belle. Le pique-nique délicieux. La conversation animée.

Jeudi 15 février

Delphine et sa famille passent la journée à se reposer à leur hôtel. De notre côté, nous entreprenons une randonnée au départ de Vilaflor, le plus haut village de tout l’archipel, autour de 1800 mètres. Il s’agit d’une randonnée que les guides appellent « vers le Paysage lunaire ».

Le départ se fait depuis un village qui nous plaît tout de suite, car il conserve son aspect vieillot et traditionnel. Malgré son altitude le village demeure très agricole, particulièrement actif en viticulture. Les terrasses de culture sont presque toutes actives. On voit que les paysans sont en train de préparer leurs lopins pour la prochaine saison. On voit aussi que de nouvelles terrasses sont « rénovées » pour être remises en culture. La vigne tient une certaine place.

Nous ne connaissons rien de ce soit-disant paysage lunaire. Mais la randonnée nous intéresse, parce qu’elle se fait à une certaine altitude dans la pinède de la couronne forestière du Teide, une belle forêt assez dégagée. Cette pinède naturelle occupait une grande proportion des terres entre 1200 et 2000 mètres à la première implantation humaine. Elle a été exploitée, puis surexploitée, jusqu’à réduire gravement son extension. Présentement, elle a presque retrouvé son ampleur naturelle originale.

Nous quittons le village par une montée abrupte le long d’un chemin traditionnel. Nous traversons ensuite des zones de culture abandonnées. Nous avons l’impression d’être seuls dans ce bout de pays. Nous traversons un petit « baranco », puis nous croisons un chemin forestier, où stationnent plusieurs voitures. C’est donc ici que les randonneurs prennent le départ ! Nous ne nous sentirons plus seuls. Le nombre de randonneurs rencontrés ne fera qu’augmenter. Le sentier ne tarde pas à se diviser en une large boucle. Nous l’abordons dans le sens des aiguilles d’une montre. Le sentier monte doucement et régulièrement, bien délimité entre deux lignes de gros cailloux, comme c’est la coutume ici. Il est d’autant bien marqué que la section que nous empruntons fait partie du sentier de grande randonnée qui traverse l’archipel tout entier, le GR131.

Nous atteignons l’objectif de la sortie, le « Paisaje lunar », tel que nommé par les autorités du parc de la couronne forestière. En fait, il s’agit d’une portion de falaise où les cendres foncées des éruptions les plus récentes ont été balayées pour laisser voir les cendres pâles, presque blanches, des éruptions plus anciennes. Ces cendres pâles étant très compactes, elles ont pu prendre les formes fantasques que leur a données l’érosion. Quelques hectares de versant à peine, vus à distance depuis l’autre rive du « baranco ». Rien à voir avec les immenses vallées de la lune des parcs argentins. Nous sommes évidemment déçus.

Pendant que nous pique-niquons, le temps se couvre un peu. De tout petits grêlons nous tombent dessus, tout doucement. Quoi ? De la neige, ou presque ? Alors que nous sommes au large de l’Afrique ! La météo ne nous gâte pas ! Le temps se corrige toutefois, et nous faisons un retour sans histoire.

Vendredi 16 février

Delphine nous donne rendez-vous à Puerto de la Cruz, avec l’objectif de visiter le petit mais fort réputé jardin botanique. Il faut mettre presque 90 minutes pour atteindre cette ville, car elle se trouve assez proche de la capitale, Santa Cruz de Tenerife, sur la côte nord de l’île.

La ville est belle et nous paraît sympathique. C’est d’ailleurs, autant pour Louise que pour moi, celle où nous aimerions le plus nous établir. Le jardin botanique est fort intéressant, car il regroupe dans un espace restreint bien organisé et bien entretenu des plantes venues des quatre coins du monde, apportées depuis 300 ans par les nombreux navigateurs européens revenant de leurs explorations et faisant escale aux Canaries pour leur dernière étape.

Nous découvrons que ce côté de l’île est beaucoup plus humide, arrosé qu’il est par les alizés qui butent sur les hauteurs du Teide et y laissent leur humidité. Nous avons d’ailleurs une vue splendide sur cette magnifique montagne, qui remplit toute la vue derrière la ville. Le sommet se situant à seulement une douzaine de kilomètres de la mer, le Teide bat des records avec une prédominance de la totalité de ses 3780 mètres. Peu d’autres montagnes occupent une place si évidente.

Nous continuons la journée en nous rendant à Orotava, petite ville coloniale située à quelques kilomètres dans les terres. Nous pique-niquons à la « Plaza de la Constitución ».

Samedi 17 février

Cette dernière journée du séjour de la famille de Delphine est sur un thème balnéaire. Nous nous retrouvons au village de Las Galletas, à peu de distance de Los Cristianos. La station semble s’adresser à une clientèle de retraités de classe moyenne, intéressés à y passer tout l’hiver, à coût raisonnable. Les poussettes et les scooters électriques abondent. On affiche beaucoup de peau bronzée. Dès leur arrivée, les petites sont captivées par un bel ensemble de jeux sur une allée ombragée. Les grands en profitent pour jaser, puis pour pique-niquer. À la suite, nous passons à un café. Louise et Delphine partent jouer dans l’eau avec Alice et Elsa. C’est ici que nous nous laissons, après cette trop courte semaine.

Voici une sélection des photos prises par Delphine durant ce séjour:             Photos de Delphine

Dimanche 18 février

Delphine et sa famille retournaient en France tôt ce matin. De nôtre côté, nous décidons de suivre exactement le circuit d’une des randonnées décrites dans le guide anglais de la compagnie « Cicerone » qui m’a servi à la préparation du présent voyage. Le thème est de suivre le sentier qui fait le tour du volcan Chinyero, créé lors de la plus récente éruption sur Tenerife, en 1909.

Le guide nous incite à commencer cette randonnée à un « mirador », un point de vue, appelé « Los Poleos » sur la route qui mène au volcan du Teide. Une fois arrivés à ce point de vue, nous ne trouvons aucune trace d’un quelconque sentier, ni même aucune indication. Mais je choisis de faire confiance au guide, et de suivre sa description. Mais c’est un peu décourageant.

En interprétant les notes de l’auteur, je découvre au loin un tout petit cairn de 3 cailloux. Nous partons dans cette direction. Et, de cairn en cairn, nous suivons une mince trace au sol. Elle devient bientôt l’image d’un sentier maintenant inutilisé, recouvert d’une épaisse couche d’aiguilles des grands pins qui colonisent les pentes des environs. Puis cet ancien passage devient plus évident, jusqu’à ce que nous croisions un vrai sentier actif et bien marqué. Nous n’en sommes pas moins déçus qu’un texte professionnel publié en 2011 et révisé en 2015 soit aussi inexact. De là à imaginer que l’auteur n’a pas vraiment parcouru le sentier qu’il décrit à la révision de son guide…

Nous nous engageons sur le sentier marqué, dans le sens indiqué dans le guide. Nous aurions tout aussi bien pu partir dans l’autre sens. Le sentier longe une énorme langue de lave. Nous nous sentons terriblement loin et isolés, surtout si l’on considère notre méthode pour atteindre ce sentier. Nous sommes convaincus d’être tout seuls dans ce coin de pays. Mais nous sommes tout de suite contredits car nous nous mettons à croiser des couples, des familles, de grands groupes, tous partis pique-niquer en ce dimanche. Tout le monde semble remonter le sentier, … alors que nous le descendons !!!

Nous continuons. Le sentier traverse de stériles champs d’une lave foncée aux formes acérées. Le sentier est très bien construit, mais c’est souvent difficile de marcher sur sa surface de blocs de lave. Nous passons un croisement de sentier, qui ne correspond à rien de ce qui est décrit dans le guide. Puis un deuxième. Nous aboutissons enfin au stationnement d’où proviennent ceux que nous croisons. Nous sommes trop loin déjà. Quelque chose ne va pas. Il n’y a rien à comprendre. Le sentier circulaire annoncé ne se matérialise pas. Nous décidons de revenir sur nos pas. Heureusement, car le temps se gâte déjà. Et nous avons le temps de revenir à la voiture. Ce fut une belle randonnée, mais nous sommes complètement perdus face à l’écart énorme entre le texte du guide et la réalité que nous avons rencontré.

Tout au long des jours suivants, Louise et moi avons échafaudé toutes sortes d’hypothèses pour expliquer cet échec. Mais aucune explication ne nous apparaissait. Nous en sommes même venus à douter de notre compétence à lire les guides de randonnée et à interpréter le terrain. Nous ne pouvions ni expliquer ni accepter ce que nous avions vécu.

Un excellent repas canarien

Ce soir nous mangeons dans un restaurant local de Tejina de Isora, à 200 mètres de notre logement. Ce restaurant, qui s’appelle « Las Goteras », est situé au rez-de-chaussée d’un immeuble assez banal, sur une rue secondaire très pendue. Une localisation assez peu commerciale. Le décor est celui d’un restaurant familial espagnol classique, avec beaucoup de bois foncé et des bouteilles de vin partout pour décor.

Le restaurant se présente comme étant spécialisé dans les grillades de viande. À preuve, un immense four à bois occupe le centre de la cuisine, avec ses grilles à crémaillère. Entre la salle et la cuisine, un grand frigo pour stocker (et montrer) les innombrables pièce de viande que les cuisiniers vont utiliser au cours du repas. D’ailleurs nous sommes rapidement surpris d’entendre et de voir les cuisiniers débiter la viande à griller avec une grosse hache, une vraie hache. Ça fait un boucan dans le restaurant mais c’est très typique. Nous lisons avec attention le menu, qui est très long. Il comporte de nombreux plat typiquement canariens, qui m’attirent tous. Nous décidons de prendre des petits plats, des entrées, plutôt que des plats de viande, tous énormes à en juger par les assiettes servies autour de nous. Nous commençons le repas par une soupe au poulet et ce qui s’appelle ici un potaje, une sorte de pot-au-feu canarien. Louise continue avec une salade d’avocat et de crevettes qui est absolument somptueuse; les crevettes sont fermes et goûteuses, la sauce impeccable, les oranges qui décorent l’assiette suaves. Je choisis un plat de petits piments verts frits avec beaucoup de gros sel. Je continue avec une magnifique entrée de boudin noir; les tranches de boudin contenant de petites amandes locales ont été grillées sur un feu vif et la cuisson certainement finie avec un peu de miel. Un délice. Le repas continue avec un lapin à la saumure, une spécialité canariennes. La sauce est riche et onctueuse, peut-être un peu salée, mais pas surprenant en raison de la saumure dans laquelle la viande a été marinée. Nous sommes comblés. Mais la carte des desserts nous attire. Louise prend une mousse au chocolat pendant que je choisis un dessert typique des Canaries donc j’avais déjà entendu parler mais que je n’avais jamais goûté. Il s’agit du « bienmesabe » (ce qui veut dire « ça me plaît » en espagnol). Il s’agit d’un mélange savoureux d’amandes grossièrement moulues (peut-être 1 ou 2 mm), de miel, et de jaune d’oeuf. Un autre délice. Nous sommes enchantés de ce magnifique repas.

Lundi 19 février

Aujourd’hui, nous déménageons vers Los Silos, sur la côte nord de l’île, à moins d’une heure de route. Cette nouvelle maison est située au centre de la petite ville, en plein sur la rue principale. Heureusement, la route commerciale contourne l’agglomération et ce ne sont que des locaux qui passent sur cette rue sympathique couverte de petits pavés. De plus, notre appartement est situé à l’étage et derrière la maison. La maison est ancienne et traditionnelle. Mais l’appartement est totalement rénové et d’allure moderne.

Contrairement à l’hébergement précédent, où la propriétaire (et son mari) nous avait rencontré à l’arrivée, et avait maintenu un contact étroit pendant tout notre séjour, ce propriétaire gère un parc de 10 appartements répartis un peu partout sur l’île. Nous ne rencontrons donc que la voisine du dessous et la femme de ménage. L’arrivée est un peu bousculée car il y a plusieurs petites choses à corriger ou à réparer. Mais l’endroit s’avère confortable.

Nous ne randonnons pas aujourd’hui. Nous allons marcher un peu le long de la mer au bas du village, puis nous passons par un supermarché appelé « Tu Alteza » (ton altesse) pour compléter nos approvisionnements. Le village est cerné de toutes parts par les bananeraies typiques de l’archipel. Il s’agit de champs limités par de hauts murs, recouverts d’une structure métallique recouverte d’une toile lâche qui filtre les rayons solaires, bloque les oiseaux et les insectes nuisibles. Le résultat visuel n’est pas très agréable. Ça donne l’effet de multiples usines mal entretenues dans ce qui devrait être un paysage rural. Si l’on ajoute que cette culture (un peu artificielle) doit être hautement subventionnée par l’état espagnol et par la communauté européenne, ça fait un peu déprimant.

Mardi 20 février

Nous sommes maintenant sur la côte nord de l’île. Nous tenterons de randonner à proximité. La température est assez bonne. Nous choisissons une randonnée dans le coin, qui ne comporte pas trop de dénivelé. Ce sera dans une zone protégée (mais habitée) qui couvre les hautes terres du coin nord-ouest de l’île, le « Teno ».

Nous suivrons le sentier TF51, depuis le « mirador » de Baracán situé déjà à 800 mètres jusqu’au plateau de Teno Alto, en suivant une époustouflante arête qui domine de part et d’autre des paysages ruraux et sauvages.

Ce plateau de Teno Alto est limité à l’ouest par les spectaculaires falaises de « Los Gigantes » surplombant la mer de leurs à-pics de 800 mètres. En approchant de notre objectif, nous apercevons juste en dessous de nous un berger et son petit troupeau de chèvres. C’est un rencontre rare aux Canaries. Même si l’on sait que les Canariens gardaient d’importants troupeaux de chèvres et de moutons dans le passé, cette activité est pratiquement disparue aujourd’hui, sauf pour la production fromagère artisanale, et seulement dans des zones marginales comme l’Alto Teno.

Nous arrivons dans la seule agglomération de ce plateau, un minuscule hameau. Partout ailleurs, ce sont des fermes isolées. Au centre du hameau, une chapelle, un petit parc et un bar. Nous prenons le pique-nique que nous avons avec nous dans le parc, adossés au mur de la chapelle pour couper l’effet du vent. Puis nous entrons dans le petit bar du village. Il est bondé, à déborder: des touristes, mais aussi des travailleurs et des locaux. La cuisinière et le serveur-barman sont débordés. Nous occupons un petit bout de bar, la dernière place qui reste. Il nous faut attendre un certain temps pour commander deux petits verres de vin, qui nous coûteront seulement 0,90 euro chacun.

Mercredi 21 février

Aujourd’hui, une nouveauté: nous laissons l’auto « à la maison », c’est-à-dire stationnée dans la rue principale de Los Silos. Nous allons effectuer une descente depuis les hauteurs (presque 1000 mètres) de ce village de Erjos où nous ne cessons de passer, pour aboutir à deux pas de notre logement.

Nous profitons de l’excellent réseau de transport de l’île de Tenerife (la TITSA) pour enchaîner deux autobus, avec une correspondance à Icod, et atteindre Erjos en un peu moins d’une heure. Nous allons emprunter le sentier TF54. Il faut d’abord passer par le « Monte del Agua », site de notre première excursion sur l’île, marcher environ une heure en descente douce, presque horizontale, à flanc de montagne dans une magnifique forêt de « laurisilva ». Puis nous nous engageons dans le sentier de descente. Une douzaine de kilomètres pour une descente de presque 1000 mètres. Une belle alternance, pleine de surprises, de plusieurs types de sentiers: des sentes forestières, des arêtes rocheuses, un bout de chemin forestier, un chemin de mulets pavé à l’ancienne. Nous sommes constamment étonnés par la variété botanique de cette descente. De nouvelles espèces. Des fleurs étonnantes. Des plantes grasses surprenantes par leur forme non conventionnelle. J’ai sans cesse envie de toucher, de palper toutes ces plantes nouvelles, quelques fois à mes propres risques !

Nous faisons une pause pour le pique-nique, autour de la mi-descente. L’occasion de détailler l’autre versant de la profonde vallée que nous dévalons. Nous constatons que notre parcours est composé de profonds détours, ce qui fait que, après 3 heures de marche, nous sommes encore bien en vue de notre point de départ, presque en face.

Nous croisons quelques groupes de randonneurs, surtout des allemands, qui ont préféré remonter le sentier. Nous rencontrons aussi deux jeunes employés du ministère de l’Environnement, en tournée d’inspection. Nous sommes étonnés de voir qu’ils utilisent les bâtons ferrés traditionnels, longs de 3 mètres, qui jouaient le rôle de levier pour permettre aux anciens Canariens de descendre plus rapidement les pentes ouvertes.

Une heure avant d’atteindre la fin du sentier, nous traversons le petit hameau ruiné de Las Moradas, 4 ou 5 maisons regroupées sur une arête, à deux pas de formidables falaises. La fin de la descente et l’entrée à Los Silos se font sur le thème de cette inquiétude bien canarienne, l’approvisionnement en eau. Nous croisons des canaux anciens et inutilisés qui s’accrochent à la falaise, un canal public moderne, de nombreux tuyaux et canalisations privés qui s’entremêlent de manière anarchique. Tout ça n’est pas bien beau !

Jeudi 22 février

Nous avons planifié d’alterner entre des journées de randonnée et des journées sans randonnée, pour ménager nos jambes durant ce périple de 3 mois. Mais il faut compter avec la météo. Comme les prédictions ne sont pas vraiment bonnes nulle part sur l’île pour le vendredi et les journées qui suivent, nous choisissons d’enchaîner 3 journées de randonnée.

Le ciel est bien couvert à Los Silos à notre réveil, et la météo y est tout à fait pessimiste. Mais on prédit le plein soleil au Teide et dans sa vallée d’altitude à plus de 2000 mètres. Même si c’est à 90 minutes de route, c’est là que nous allons. Bonne décision, car nous entrons dans les nuages et dans la pluie dès que nous prenons un peu d’altitude. Sur la route du Teide, au-delà de 1500 mètres, nous sommes enveloppés dans les nuages que nous traversons, avec une visibilité tout à fait minimale, de sorte qu’il faut réduire la vitesse, de façon à protéger les nombreux cyclistes qui apparaissent au dernier moment devant la voiture malgré leurs vêtements au couleurs criardes et leurs petits feux à éclats.

Les nuages sont épais, et les essuie-glaces ne cessent de fonctionner. Il faut vraiment avoir la foi en la météo. Au moment même où nous atteignons la lèvre de la plaine du Teide, c’est comme si nous franchissions une porte céleste; les épais nuages font place au grand soleil dans un ciel bleu ! Nous sommes dans un autre monde. Évidemment, avec l’altitude la température a baissé. Le thermomètre indique seulement 6 degrés. Mais ça paraît plus confortable car le soleil est bien présent et le vent est faible.

Nous garons près de Parador, cet hôtel de luxe faisant partie du réseau national espagnol d’hôtels historiques. Nous effectuons une simple boucle enchaînant les sentiers 19 et 16 du parc national, à destination des abords de la station de base du téléphérique. Une randonnée plutôt facile contournant et traversant les champs de lave du fond de la large vallée sise au pied du Teide. C’est donc dire que toute la randonnée se fait devant cette magnifique montagne, qui nous surplombe de presque 2000 mètres, ou devant la chaîne de montagnes qui délimite la vallée du côté opposé.

L’aller se fait sur un sentier bien délimité sur un fond sableux, qui longe sans cesse d’impressionnantes langues constituées de blocs de lave. Le retour s’effectue le long d’un chemin carrossable aujourd’hui laissé aux marcheurs. Le parcours est donc sans difficulté, si ce n’est que le chemin fait de longs détours pour éviter les langues de laves et les ravins. Nous avons tout le temps de suivre l’évolution des nuages couvrant les pentes extérieures de l’île, qui tentent de déborder des sommets qui délimitent la large vallée où nous sommes.

Nous constatons, ici comme ailleurs, que la vie animale sauvage de Tenerife est bien réduite: aucun gros mammifère, assez peu d’oiseaux, presque pas d’insectes. Cette observation de la vie naturelle est donc assez limitée. Ce peut être normal sur une île somme toute assez petite, au large d’une portion désertique du plus proche continent, et de plus fortement occupée par les humains.

Vendredi 23 février

Tel qu’annoncé, la journée est moche. Il pleut même. Voilà donc une journée de congé. Pas de randonnée. Petite lessive. Dîner chaud, composé de restes de nos soupers récents, plutôt qu’un simple pique-nique. Mise à jour de la correspondance. Rédaction du présent site. Une journée bien tranquille.

Samedi 24 février

Nous observons bien la météo, qui s’annonce assez changeante pour les prochains jours. Mais Tenerife (comme bien des îles, surtout les petites) connaît une grande variété de climats locaux. On se déplace de 10 kilomètres, et on passe de la pluie au grand soleil. Ou vice-versa.

La meilleure météo des environs est à une cinquantaine de kilomètres à l’est, dans la vallée d’Orotava. C’est là que nous allons pour profiter du soleil. Tous les guides consultés nous orientent vers un parc forestier appelé « La Caldera », situé à 1500 mètres d’altitude sur la route qui donne accès au parc national du Teide depuis Puerto de la Cruz. Le nom de ce parc vient de la petite caldera, ancien cratère affaissé d’un volcan éteint depuis longtemps, qui occupe le centre du parc.

Nous nous engageons d’abord sur le sentier TF35, en fait une piste forestière très facile, puisqu’elle demeure à niveau sur toute sa longueur jusqu’à la « Casa del Agua ». C’est une piste qui est également utilisée par le sentier GR131, le sentier de longue randonnée qui traverse chacune des îles de l’archipel, par la piste principale de vélos BC1 ainsi que par la piste principale d’équitation qui traverse toute l’île. On lui assigne même le numéro E7, comme si c’était une extension du sentier européen de randonnée allant de Lisbonne à la Mer Noire.

La journée est magnifique. Ciel bleu parfait. Du soleil à satiété. Des vues époustouflantes sur les pentes enneigées du volcan Teide. La température doit friser les 20 degrés au niveau de la mer et dépasser les 10 degrés à La Caldera. Mais nous vivrons toute la journée un phénomène météorologique que nous n’avons jamais connu. Il fait assez bon pour que nous portions shorts et chemises légères. Pourtant, l’humidité ambiante fait que notre respiration produit pendant toute la journée une fine buée nettement visible. Évidemment, à l’ombre. Mais aussi au soleil.

Nous poursuivons notre randonnée en empruntant la boucle du sentier appelé « Sendero del Agua » (TF35.2). C’est là une rude mais agréable montée de presque 300 mètres sur les flancs du massif du Teide. La végétation, dominée par de grands pins allant jusqu’à 50 ou 60 mètres, est très fournie. L’humidité ambiante, poussée de la mer par les alizés, est telle que tous les arbres hébergent de grandes mousses suspendues. Comme son nom l’indique, le sentier longe presque partout d’anciennes canalisations qui captaient sur ces pentes humides une eau si rare partout ailleurs sur l’île.

Nous pique-niquons sur un éperon rocheux bien ensoleillé. Mais, il a fallu déployer beaucoup d’imagination pour trouver un espace bien tranquille, et grimper un peu au-dessus du sentier. La topographie locale est bien pendue, et tous les marcheurs semblent avoir décidé de pique-niquer au même endroit, qui n’est qu’un petit éperon aux pentes trop fortes. Mais il y fait soleil, et nous avons, devant nous, le vue du cône enneigé du Teide qui émerge des forêts drues des pentes où nous sommes.

Le retour à notre départ se fait sans histoire sur le même chemin forestier. À la fin de notre petit périple, il y a un petit bar-restaurant, une simple buvette avec un menu de plats roboratifs, des pot-au-feu traditionnels surtout. Nous nous permettons ce petit plaisir, inexistant au Québec, mais que le monde de la randonnée européenne offre si généreusement : celui de prendre tranquillement un petit verre de vin au bar-restaurant du parc. Pour seulement 1 euro chacun, nous profitons de ce beau moment, au milieu d’autres randonneurs qui terminent leur repas du samedi midi.

Dimanche 25 février

La météo prédisait depuis près d’une semaine une journée de pluie très intense. Nous n’avons donc rien planifié pour cette journée. À notre lever (tardif) nous constatons que le soleil brille de tous ses feux. Mais la météo continue d’annoncer le mauvais temps pour 13 heures. Et c’est ce qui arrive.

Jusqu’à ce jour, nous suivons le site de la météo nationale espagnole (l’Aemet), qui est fiable et distingue fidèlement chacune des vallées. On connaît d’avance donc la probabilité de pluie avec précision. Mais aucune indication sur les quantités de pluie attendues. Voilà qui n’est pas parfait. Après recherches sur Internet, nous découvrons que le banal MétéoMédia québécois est aussi fiable et localisé que le service espagnol, tout en donnant beaucoup de précision sur les quantités de précipitations et sur la prévision horaire. Nous adopterons MétéoMédia pour le reste du voyage.

Après le petit-déjeuner, nous sortons un peu pour visiter les parties du village que nous ne connaissions pas. Personne dans les rues, sauf des couples de touristes. Nous en découvrons la cause. Il y a un petit marché sur la place centrale qui attire du monde et une bonne part des villageois sont à l’église. C’est dimanche après tout !

Au marché, nous achetons deux belles parts de gâteau en prévision du souper de ce soir. Il faut dire que notre décision de louer des maisons et appartements via AirBnB nous permet de préparer presque tous nos repas. Les visites au restaurant sont des exceptions.

Lundi 26 février

Ce dernier jour à Tenerife, nous voulons le consacrer à une seconde tentative de faire le tour du petit volcan Chinyero, après notre échec lamentable du 18 février. Nous avions raison de croire à notre chance car, en nous rendant à notre randonnée du 22 février aux abords du Teide, nous avions observé le long de la grande route d’accès l’existence d’un chemin de service marqué d’une affiche libellée « Chinyero » environ 1500 mètres au-delà du mirador de Los Poleos. Nous nous disions donc que la description du guide s’appliquerait sans doute mieux depuis cet endroit, que depuis Los Poleos, bien que la référence à ce lieu de Los Poleos était bien claire dans le guide.

Il n’y a pas de stationnement proprement dit à cet endroit, mais nous parvenons à positionner la voiture sur une petite bordure de lave juste à la limite du pavé de la grande route. Nous nous engageons sur le chemin forestier (fermé à la circulation) et nous constatons tout de suite que la description du guide s’applique parfaitement à ce chemin. En moins de dix minutes, nous entrons dans cette belle pinède de pin canarien qui entoure le Teide et nous croisons un sentier qui pourrait bien être celui que nous désirons suivre. Mais, il n’y a aucune indication sur place, aucun panneau, aucune marque, qui puisse nous aider. Nous décidons quand même de nous engager sur ce sentier, choisissant de partir à droite. Si c’est bien le sentier circulaire que nous cherchons, peu importe de partir vers la droite ou vers la gauche, nous reviendrons bien à ce point de départ.

Le sentier est très bien tracé, à la mode de Tenerife, bordé de deux lignes de cailloux bien rapprochés. Mais nous avons vite des doutes, puisque le sentier semble ne pas s’engager dans la direction attendue du volcan Chinyero. Puis nous perdons la trace complètement, pour nous retrouver sur un beau sentier, mais moins bien tracé, qui monte vers de petits évents volcaniques. De toute évidence, nous ne sommes plus sur le sentier circulaire. Nous rencontrons un couple de Français, qui se demandent eux aussi où ils sont. Nous profitons de notre mésaventure pour grimper sur des évents tout proches, et admirer le paysage.

Nous retournons sur nos pas, prêts à abandonner notre quête et à aller marcher ailleurs. Soudain, dans un virage serré, nous découvrons la suite du sentier circulaire. Le carrefour est mal indiqué. Il n’y a pas de marquage clair à cet endroit. Mais nous avons retrouvé le chemin ! Dans les instants qui suivent, nous nous mettons à croiser les premiers marcheurs de la journée qui confirment l’identité du sentier et l’objectif du Chinyero.

Trente minutes plus tard, au croisement avec un chemin forestier, nous pourrons voir un premier panneau arborant fièrement « Circular Chinyero ». Le sentier existe bien. Peu de temps après, nous approchons du volcan, depuis l’amont, c’est-a-dire du côté du Teide, soit le plus haut. La zone immédiate est couverte de ce fin gravier léger et noir qu’on appelle « picón ». Ce gravier serait le produit des gaz et poussières du volcan. Depuis cent ans, les pins on pu s’y établir; ils nous offrent le magnifique spectacle de leur verdure sur le fond du gravier noir.

Nous continuons à contourner le volcan, et nous découvrons les carrefours des 3 ou 4 grands sentiers radiaux qui se greffent au sentier circulaire. Puis nous longeons et croisons les coulées de laves rocheuses émises du volcan vers l’aval. Une toute autre atmosphère, dure, méchante, triste.

À la fin d’un champ de lave, nous longeons un autre volcan, plus vieux et éteint depuis très longtemps, la Montaña de la Cruz, où nous savons qu’un refuge est établi. Ce serait un bel endroit pour pique-niquer. Le refuge est construit sur le sommet. Un chemin (maintenant inutilisé) y menait; nous décidons de l’utiliser. C’est un chemin bien particulier, puisqu’il gravit au sommet en faisant le tour de la montagne en spirale. Il faudra presque trois tours complets pour nous rendre à destination. L’effort n’est pas vain. Nous aurons une belle vue, au soleil, mais à l’abri du vent sur le perron du refuge, pour notre repas. Nous continuons le circuit, pour revenir au chemin pris le matin, puis retournons tranquillement à notre voiture.

Mardi 27 février

C’est aujourd’hui que se termine notre séjour à Tenerife. Nous n’y reviendrons que pour effectuer les courtes correspondances entre les vols des trois petites îles de l’Ouest que nous allons faire à chaque deux semaines pour le reste du voyage.

Comme nous avons le temps avant de prendre notre vol de 17h00, nous allongeons le voyage jusqu’à l’aéroport de Tenerife-Nord, en empruntant la montée vers le Teide depuis la ville d’Orotava, puis la longue descente vers l’aéroport en suivant la crête de l’île. Une excursion d’automobilistes ! Nous y découvrons d’abord de magnifiques paysages d’altitude, austères mais agréables sous le grand soleil. Il y a toujours de grosses quantités de neige le long de la route, les vestiges des tempêtes des semaines précédentes. Le coin héberge une variété d’observatoires scientifiques, qui tirent partie des ciels purs de l’île. Ensuite, nous profitons de la forêt d’abord de pins puis de lauriers qui poussent sur cette crête descendante.

Les procédures se passent sans problème à l’aéroport. Nous avons même beaucoup de temps. Mais, nous découvrons que notre vol est d’abord retardé, puis annulé. La raison: des grands vents à l’aéroport de La Gomera, qui soufflent entre la montagne et la mer, en travers de la piste. Ce sera une autre histoire, que la traversée maritime sur une mer déchaînée, l’arrivée désorganisée à San Sebastian, la pluie, la tempête, l’arrivée tardive à notre logement juché à 800 mètres sur la montagne ! À suivre !

 

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