Mon "scrapbook", tout simplement

2011 Madère

Ce voyage à Madère de Louise et Jean-François a d’abord existé sous la forme d’un projet de voyage au Tibet.

Sous cette première forme, Louise aurait rejoint Jean-François à Katmandou, juste à la fin de sa randonnée de l’Everest avec Mario, et nous aurions passé les trois semaines suivantes avec un groupe d’Expéditions Monde au Tibet. Mais le coût élevé du voyage, le nombre limité de randonnées pédestres prévues et la grande altitude nous ont fait changer d’idée.

C’est une série de vidéos proposés dans un courriel de l’agence pyrénéenne de randonnées et de voyages à pied La Balaguère qui nous a fait songer à l’île portugaise de Madère, l’Île aux fleurs, la Perle de l’Atlantique. Madère est reconnue comme un paradis de randonnée pédestre. Nous pouvions y randonner le long de ces canaux d’irrigation appelés levadas ou autour des grands sommets (près de 2000 mètres) , tout en retrouvant chaque soir le confort d’un vrai lit et les délices de la cuisine portugaise.

Les billets d’avion (Québec-Newark-Lisbonne avec Continental, Lisbonne-Funchal avec TAP) ont vite été achetés, et le studio loué sur le site de Homelidays. Nous allions passer 17 jours à Madère et 3 jours à Lisbonne au retour. Comme l’objectif premier de notre voyage était de randonner chaque jour, nous nous sommes procuré deux guides très détaillés, le Rother allemand et le Sunflower anglais, qui nous ont été chaque jour très utiles.

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Les cartes

Madère

Madère est une île de l’Atlantique faisant partie (tout comme l’archipel des Açores) du Portugal. Elle est située à 980 kilomètres au sud-ouest de Lisbonne, à 660 kilomètres à l’ouest du Maroc et à 400 kilomètres des Canaries. Avec les îles voisines de Porto Santo, des Ilhas Desertas (les “Îles Désertes”) et des Ilhas Selvagens (les “Îles Sauvages”), elle constitue une des deux régions autonomes du Portugal (avec les Açores), un peu comme une colonie rapprochée qui fait pourtant partie intégrante de la mère-patrie.

C’est une île assez petite, d’environ 760 kilomètres carrés, soit équivalent de la superficie du parc de la Jacques-Cartier, ou un peu moins que celle de l’île de Montréal. Elle est d’origine volcanique, avec un relief très marqué, des pentes vertigineuses, et des sommets atteignant 1861 mètres. Le climat est semi-tropical, comme il convient à ce qui est le territoire le plus méridional de l’Europe. La population de l’île est de l’ordre de 250.000 personnes. L’île a été la première des découvertes portugaises (en 1419) et elle a été une escale importante de toutes les navigations coloniales subséquentes vers l’Asie, l’Afrique australe ou le Brésil.

Article de Wikipedia sur Madère: en français, en anglais

Vendredi et samedi 29 et 30 avril – Le voyage de Québec à Madère

Madère étant en dehors des sentiers battus, pour les voyageurs nord-américains, il nous a fallu passer par les États-Unis et subir ainsi le traitement agressif des services américains d’immigration et de douane, à l’aller comme au retour. Tout s’est bien passé, à l’exception de la correspondance ratée (mais bientôt rattrapée) à Lisbonne.

Le journal de Louise

Départ de Québec le 29 à 12h43. Arrivée à Madère après 24 heures en avion et dans les aéroports, donc le 30 à 16 heures. Autobus jusqu’à la ville de Funchal, puis taxi jusqu’au studio qu’on a loué pour 17 nuits à 25€ par nuit. Beau petit studio dans les combles de la maison. Puis visite de la vieille ville de Funchal à 10 minutes du studio. Souper à la cafétéria d’un supermarché 14€ pour 2 incluant une bouteille de vin. 1€ = $1,40. On se couche tôt 21h. Belle ville européenne.
Nous avons eu de la difficulté à contacter notre propriétaire, qui habite juste à côté du studio. Ses coordonnées étaient tellement floues que nous nous sommes retrouvés sur le parvis de la chapelle de São João sans connaître ni l’adresse du propriétaire ni celle du studio. Nous étions bien avancés! Le fait que nous soyons arrivés à Funchal avec un retard de 3 heures (la correspondance ratée à Lisbonne) n’aidait en rien. Notre chance et notre perspicacité proverbiales ont toutefois permis de faire assez rapidement le contact.

Funchal et notre quartier

La principale ville de l’île est Funchal. Sa population est d’environ 100.000 habitants. Nous y avions notre base, un studio dans un quartier proche du centre.

L’appartement était très agréable. Il occupait tout seul les combles d’un petit édifice récent, un édifice tellement tranquille que nous n’y avons rencontré personne de tout notre séjour, tout au plus entendu une occupante qui sortait son chien quelques fois chaque jour. D’une superficie de 60 mètres carrés, il comportait tout ce qu’on pouvait espérer d’un “chez-soi”, y compris une terrasse presque aveugle (donc très privée) située au centre de l’étage, n’ayant vue que sur les édifices surplombant le fond de vallée abrupte où nous nous trouvions. Le seul inconvénient était la faible hauteur des toits en appentis; nous avons vite appris à protéger nos têtes !

Ce quartier n’est nullement touristique. Un ensemble de rues, de ruelles, de places et d’impasses qui portent toutes une forme du nom de São João (saint-Jean). C’est le nom du torrent qui passe à côté, et de la petite chapelle ancienne voisine de notre immeuble. Il y a peu de circulation car le quartier tout entier est un cul-de-sac. La petite place devant l’immeuble ne sert donc qu’au riverains, dont une école privée (nommée São João, évidemment), un petit restaurant familial ouvert surtout le midi, un bar qui ferme tôt lui aussi et qui rassemble pendant la journée tous les jeunes hommes du coin. Elle sert aussi de stationnement pour le quartier.

Le studio est situé à une dizaine de minutes de la zone centrale de Funchal, peut-être 60 mètres au-dessus. Une marche agréable qui passe devant l’auberge de jeunesse, l’entrée d’un tunnel routier, une caserne des pompiers, la gare des bus de l’est de l’île, la poste centrale, pour aboutir à un centre commercial très moderne (et très urbain), appelé Dolce Vita, qui devint vite le centre de notre vie pratique. On y trouve des postes Internet, divers magasins, bien sûr. Mais nous avons surtout apprécié le grand supermarché de la chaîne “Pingo Doce” (beau, bon, vraiment pas cher). Nous y faisions les emplettes du déjeuner et du pique-nique du midi. Et nous avons adopté son buffet chaud et froid au poids (10€ le kilo), qui était goûteux et varié; il y avait même des grillades sur demande au même prix, et des pizzas énormes à 4€. Nous avons adopté ce buffet comme notre cantine personnelle, ne mangeant qu’une seule fois dans un des restaurants de la ville, pour profiter d’un “Festival du Thon” dans la vieille ville.

Funchal est une belle ville, assez grande pour avoir la prestance et la commodité d’une petite capitale, assez petite pour demeurer confortable et sympathique. Nous avons tout de suite aimé sa position sur les pentes du versant sud de l’île, au-dessus de la baie, entre les grandes falaises. Nous avons aimé son architecture. Nous avons aimé les trottoirs de son centre, faits de petits pavés noirs et blancs disposés en une variété de motifs.

 

Dimanche 1er mai – Reconnaissance de Funchal

Après un réveil tardif, nous consacrons cette première journée à une reconnaissance de la ville, en particulier la vieille ville.

Le journal de Louise
01 mai – Nuages, soleil et pluie

Surprise, on s’éveille à 10h45. Très bien dormi malgré un chat qui a voulu s’introduire par la fenêtre de la chambre et une lumière qui s’allume et s’éteint toute seule dans le passage de l’immeuble. Déjeuner à la chambre et départ pour la ville vers 14h. Marche dans Funchal, belle ville, vieux quartier, puis celui des hôtels et du casino plus touristique. Beaucoup d’enfants, bien élevés. C’était la fête des mères et celle des travailleurs. Fête dans un parc du centre ville, musique et danse. Verre de bière 1€ et pain à la saucisse 2€. Souper au même endroit qu’hier. Retour au studio à 21h. Deux fois aujourd’hui un chat noir est venu nous visiter dans le studio. Jean-François n’aime pas les chats.

Les levadas

Ce qui nous attire à Madère c’est l’imposant réseau de levadas, ces canaux d’irrigation (et de production d’électricité) qui ont été construits à bras d’hommes par les Madériens depuis le début de la colonisation jusqu’à aujourd’hui. Ces canaux couvrent toute l’île et s’étendent sur plusieurs milliers de kilomètres, longeant “à niveau” les versants abrupts, traversant les crêtes par des tunnels, dévalant les pentes pour distribuer l’eau aux innombrables lopins en terrasse où sont cultivés la vigne (pensez Madère !), les bananes, la canne à sucre, les légumes. Les plus grandes canalisations ne dépassent pas un mètre de largeur et un mètre de profondeur, et les plus petits ne sont que des rigoles d’une dizaine de centimètres.

Les levadas sont particulières à Madère, mais il en existe quelques unes dans d’autres îles de la Macaronésie, comme Santo Antão au Cap-Vert et La Palma aux Canaries. Elles furent créées par la nécessité d’acheminer d’importantes quantités d’eau du versant nord-ouest de l’île, plus arrosé, vers le versant sud-est, plus sec mais plus propice à l’habitat et à l’agriculture. Les Madériens commencèrent à creuser des levadas dès le seizième siècle et les plus récentes furent créées dans les années 1940. Madère est une île très montagneuse, et la construction des levadas fut une entreprise difficile, à laquelle furent affectés des esclaves et des forçats, mais aussi des ouvriers salariés. La plupart suivent le flanc des montagnes, mais des tunnels ont été creusés sur environ 40 kilomètres. Sur le même flanc de montagne, plusieurs levadas peuvent se succéder à différents niveaux. Les levadas permettent l’irrigation mais elle contribuent aussi à la production d’électricité. Le réseau principal est d’une longueur totale d’environ 2 150 kilomètres, géré par l’état ou les communes.

En 1900, il y avait déjà 200 de ces levadas, la plupart privées, d’une longueur totale de 1000 kilomètres. Elles desservaient surtout les grands propriétaires. Le gouvernement entreprit alors de rendre ce réseau public, de le compléter, et de le rendre accessible à tous les agriculteurs. Un tel réseau devait aussi accroître la superficie de terres cultivées sur la côte sud de l’île, en transportant l’eau abondante de la rude côte nord (des précipitations annuelles de près de 2 mètres) vers les terrasses fertiles mais relativement arides de la côte sud. À partir de 1939, un vaste programme de construction (entièrement à la main) de levadas principales a été entrepris, avec une captation d’eau au niveau de 1000 mètres, son utilisation pour la production d’électricité, son transport vers le niveau de 600 mètres et sa distribution par des canaux secondaires.

C’est le réseau principal qui nous intéresse pour la randonnée car ces canaux sont tous assortis d’un petit chemin d’entretien, souvent réduit à un trottoir de 15 ou 25 centimètres de largeur. Épousant les courbes de niveau, ces chemins permettent pour la plupart des randonnées aisées et à plat, dans de magnifiques paysages. Certains sont toutefois étroits, ou situés sur des versants abrupts, où les risques de chute pouvant entraîner des blessures ou même la mort sont réels. La prudence est évidemment de mise.

Les tunnels

Madère est le paradis des tunnels.
Traditionnellement, les constructeurs de levadas ont senti le besoin de creuser des tunnels pour faire franchir à leur canaux des crêtes qu’il n’était pas intéressant (ou trop difficile) de contourner. Ces tunnels étaient souvent courts (25 ou 50 mètres), quelquefois plus long, jusqu’à 500 mètres. Ils sont juste assez grands pour laisser passer le canal et le chemin qui le longe, obligeant quelquefois le randonneur à courber un peu la tête. Pas d’éclairage, évidemment. Dans les zones les plus escarpées, les tunnels peuvent s’enfoncer à l’intérieur même de la montagne et ressortir un peu plus loin sur le même versant, lorsqu’il devient impossible d’accrocher un canal à ciel ouvert à une paroi trop verticale. Les levadas les plus modernes, qui servent souvent aussi à la production d’électricité, peuvent même comporter de très longs canaux (aussi longs que 5 kilomètres) pour passer d’un bassin versant à un autre. Ces tunnels font le bonheur des randonneurs car ils ajoutent une dose de piquant et d’aventure. Il faut donc s’équiper de lampes frontales pour s’éclairer et de vêtements imperméables pour parer aux déversements et au suintement.

Dans un pays aussi vertical, la compétence des constructeurs de tunnels de levadas a vite été transposée aux routes.

Bon nombre des chemins traditionnels empruntaient des passages difficiles que la construction de tunnels facilitait. La communication entre les villages en était ainsi quelque peu facilitée. Les chemins sont devenus des routes et les petits tunnels des tunnels plus grands. À mesure que les chemins s’adaptaient à la circulation automobile et devenaient des routes, le nombre de tunnels routiers augmentait. Malgré ces tunnels, le réseau routier demeurait encore très tourmenté, avec des pentes fortes et des virages en épingle.

Plus récemment, lorsque Madère s’est lancée dans la construction d’une autoroute d’une quarantaine de kilomètres longeant la côte sud (reliant Funchal et l’aéroport, et débordant au-delà de chaque côté) ainsi que d’autres routes rapides desservant toutes les agglomérations, la construction de tunnels a repris de plus belle. Ces tunnels sont gigantesques, modernes, éclairés, ventilés, souvent longs de quelques kilomètres, presque toujours réunis entre eux par des viaducs lancés au-dessus des vallées encaissées. Les nouvelles routes permettent donc de couper le temps de transit par deux et par trois, car les véhicules traversent les montagnes de part en part et survolent les vallées.

Ainsi, au cours d’un voyage à Madère, ce sont des centaines de tunnels, de tous calibres, qui sont traversés.

Lundi 2 mai – Levada dos Piornais

La Levada dos Piornais dessert la banlieue ouest de Funchal même, à seulement 150 mètres d’altitude. Sa proximité nous l’indiquait comme le but de notre première randonnée; nous avons facilement pu nous y rendre à pied depuis notre studio.

Le journal de Louise
02 mai   –   Nuages, soleil

On s’éveille tard mais plus tôt qu’hier. On part vers midi pour la Levada dos Piornais à pied, on s’éloigne un peu de la ville et il y a abondance de culture de bananiers. On monte graduellement vers le fond d’une vallée, on traverse des grottes qui longent un précipice. Très beau. Arrivée à São Martinho 4h. plus tard et retour en bus. Les conducteurs de bus roulent vite sur des routes en lacet très étroites et pentues. Chips et vin au studio puis souper au resto Le Jardin pour manger du thon local car c’est le festival du thon ici.

La Levada dos Piornais traverse des zones d’horticulture et des quartiers en voie d’urbanisation. À son amont, elle est accrochée à des parois tellement verticales qu’il est déconseillé de la remonter aussi haut. D’autant moins que son minuscule sentier ne dispose d’aucune de protection pour les randonneurs. Par contre, elle nous offre un passage époustouflant où, pour longer une muraille à sa mi-hauteur, le petit canal alterne entre de courts et étroits tunnels dans la face rocheuse et de petits aqueducs de maçonnerie. Ça fait un peu peur, mais nous nous y amusons comme des enfants.

Mardi 3 mai – Levada dos Tornos

La Levada dos Tornos est une des plus longues levadas de Madère, plus de 100 kilomètres. Elle prend sa source près de Boaventura sur la côte nord, franchit plusieurs vallées centrales en traversant 3 longs tunnels (chacun de plus de 5 kilomètres) pour desservir la côte sud, au niveau des 600 mètres. Nous l’avons suivie à partir de la sortie de son dernier tunnel trans-insulaire.

Le journal de Louise
03 mai – Nuages, soleil et bruine

Départ en bus vers Monte. On a vu les traîneaux en jonc qui descendent la côte sur 2 km. Mais nous ne sommes pas descendus car nous partions faire la Levada dos Tornos jusqu’à Nogueira 5h de marche. Nous avons découvert une forêt tropicale avec beaucoup de fleurs, des lys sauvages, des oiseaux du paradis, des eucalyptus (sans koala) et des lauriers en fleurs. C’était nuageux et il y avait de la brume. La campagne nous montre quintas (fermes) isolées avec de la culture en terrasse, pas le grand luxe. Le clou de la journée une traversée de tunnel environ 500 mètres. Nous avons dû utiliser nos lampes frontales. L’eau dégouttait du plafond par endroit. Un chien à trois pattes nous a suivi sur une longue distance sur la levada. Retour en bus jusqu’à Funchal. On a trouvé où il y avait l’internet et c’est dans notre centre commercial préféré le Dolce Vita, il y a l’épicerie, une toilette très pratique, sans compter notre cafétéria et tout ça près du studio. Retour chez nous vers 20h30 après un souper à notre cafétéria préférée.

Nous avons effectué ce jour notre première traversée d’un tunnel important. Nous suivions la levada dans une épaisse (et très humide) forêt. Le couple qui nous précédait s’est arrêté devant un tout petit trou dans le versant d’une colline. C’était l’entrée du tunnel. Un simple trou dans la colline. Pas de dégagement, pas de maçonnerie. Juste la levada qui s’enfonce sous la colline. Pas de lumière non plus, même si c’est un tunnel de 500 mètres. Juste un trou noir, un canal et un petit sentier qui s’y prolongent, avec le bruit de l’eau qui dégoutte du toit et des parois. Nous distinguons une drôle de forme lumineuse, qui donne l’impression d’une bouteille de plastique remplie d’un produit fluorescent; nous l’imaginons à quelques dizaines de mètres, sans pour autant comprendre de quoi il s’agit vraiment. Nous préparons nos lampes frontales et nos imperméables et nous nous engageons bravement tous les deux dans l’obscurité. La lumière des frontales, que nous estimions forte et suffisante, semble plutôt être “absorbée” par l’obscurité ambiante. Nous devons avancer avec précaution pour éviter les nombreuses mares d’eau au sol et les aspérités d’un plafond tout juste assez haut pour nous. Au bout de 100 ou 200 mètres, nous réalisons que la forme lumineuse bizarre aperçue au départ n’est en fait que la lumière de la sortie du tunnel, à 500 mètres; une belle illusion d’optique. La dernière partie de la traversée est ponctuée de plusieurs petites chutes d’eau; les imperméables nous sont bien utiles. Et c’est avec toute l’excitation possible que nous émergeons du tunnel, un peu mouillés, et avec un grand sourire.

Mercredi 4 mai – Levada do Norte

Nous effectuons une randonnée sur la plus longue levada de l’île, juste à l’ouest de Funchal, pour aboutir à la célèbre falaise de Cabo Girão

Le journal de Louise
04 mai   – Nuages et un peu ensoleillé

Encore une belle journée de marche où la vigne et les patates (comme toujours) ont dominé. Une vallée plus riche où la plupart des raisins servent à la fabrication du vin de Madère. Départ en bus vers Estreito de Camara de Lobos. Nous empruntons la Levada do Norte pour terminer à Cabo Girão. Marche d’environ 3h. Nous avons traversé un tunnel de 300m, plus facile qu’hier. Dîner en haut d’une vallée magnifique, dîner confectionné par Jean-François: sandwich au jambon, olives, pomme et barre tendre. À Cabo Girão, vue splendide du haut d’une falaise de 580 mètres, la plus haute falaise donnant sur la mer. Retour en bus vers Funchal mais un chauffeur de taxi a bien essayé de nous faire croire que le bus passerait dans 1 à 2h et qu’on serait mieux de rentrer à Funchal avec lui. Le bus est arrivé 10 minutes plus tard. Souper à la cantine, internet et dessert avec vin au studio.

Un peu comme la Levada dos Tornos, la Levada do Norte transporte l’eau depuis la côte nord de l’île jusqu’à la côte sud, en utilisant de très longs tunnels pour franchir le massif central. Nous randonnons sur sa dernière portion, juste à l’ouest de Funchal

Le système des levadas est un excellent outil pour une exploitation optimal de la capacité agricole de Madère. Les efforts qui y ont été investis témoignent de cette importance. Mais la randonnée de ce jour nous fait constater qu’il s’agit aussi d’une technologie un peu dépassée, à la fois parce que l’irrigation peut maintenant être effectuée d’autres manières et parce que l’agriculture a perdu un peu de la place prépondérante qu’elle occupait naguère. Ainsi, nous avons longé des levadas inutilisées, des levadas en réparation prolongée, et des levadas abandonnées suite à des glissements de terrain. Nous avons longé des ruines de lavoirs collectifs qui ont dû êtree des centres d’activité dans le passé. Nous avons longé des levadas en bon état où l’eau ne coulait presque plus. Autres temps, autres technologies.

Jeudi 5 mai – Levada do Caniçal

Cette journée se passe dans une vallée à l’ouest de Machico, où le climat est un peu plus sec.

Le journal de Louise
05 mai   –   Nuages et soleil

Savez-vous qu’il existe des papayes et des mamayes ? Jean-François m’assure que les mamayes ce sont des papayes portugaises… Aujourd’hui lever tôt à 8h. puis bus vers Maroços (1 heure de Funchal) nous longeons la Levada do Caniçal. Il y a de la culture mais moins qu’ailleurs, un peu de tout mais en moins grande production. Il y a cependant des arbres fruitiers sauvages qui ressemblent à des abricots, feuille dentelée et brillantes? Dans la vallée c’est toujours le même pattern; près de la mer villas riches et propres et culture plus abondante. Plus on s’éloigne vers le fond de la vallée plus c’est clairsemée, les maisons plus délabrées, plus de bicoques. Au fond de la vallée c’est la forêt humide et les oiseaux. Aux trois quarts de la randonnée nous sommes montés vers un col pour voir la mer du côté nord de l’île, Boca do Risco (le “col du Risque”, début d’un sentier accroché à une paroi verticale). Montée d’une heure qui valait la peine, forêt de laurier (pas en fleur) et en haut un plateau qui donne sur une mer turquoise et des falaises de 700m. Fantastique, des paysages sauvages comme on peut en trouver en Gaspésie. Dîner là-haut, vue magnifique. Retour sur la levada jusqu’au tunnel de Caniçal. Marche d’environ 5 heures. Retour en bus express vers Funchal. On a vu l’aéroport suspendu entre deux vallées, impressionnant. Les piliers qui maintiennent la piste sont gigantesques. Retour au studio, après souper à la cantine vers 20h.


Hier, au supermarché, j’ai été surpris de constater que la papaye porte le nom de mamão en portugais. Ça m’a rappelé que ce fruit pouvait porter le nom assez semblable de mamón dans certains pays  hispanophones d’Amérique du sud, et qu’un autre fruit tropical semblable (le sapote) pouvait s’appeler le mamey. De là, il n’y avait qu’un seul pas (un peu fantaisiste, évidemment) à faire pour lier les papayes et les mamayes !

Cette randonnée est très intéressante. Les vallées que la levada longe sont très minces et profondes, alternant entre des hameaux denses le long de la vallée principale et des forêts très isolées.  Le paysage sauvage et isolée de la côte nord s’offre à nous comme décor pour le pique-nique. Mais nous ne sommes pas encore prêts à affronter le très impressionnant sentier accroché à la verticale de ces falaises pour relier la Boca do Risco à Porto da Cruz.

Vendredi 6 mai – Jardin botanique

La mauvaise température du matin nous force à un peu de paresse, de lecture et une visite intéressante au renommé jardin botanique, noble héritier du passage des découvreurs portugais du Brésil, d’Afrique et d’Asie, avec sa flore tropicale et semi-tropicale diversifiée.

Le journal de Louise
06 mai – Pluie suivie de périodes ensoleillées

Ce matin nous devions aller marcher sur une levada puis visiter le jardin botanique, mais surprise il a plu en avant-midi. Nous sommes donc restés au studio pour lire et dormir. En après-midi nous avons pris le bus de 15h20 pour le jardin botanique, l’entrée 3€. Beau site beaucoup de variétés de fleurs et d’arbres. Le jardin des oiseaux exotiques m’a charmé avec ses nombreux perroquets, quelques faisans et des paons. Retour en ville après la fermeture du jardin à 18h pour se rendre compte que c’est la fête des fleurs en fin de semaine. Il y a des fleurs partout au centre ville et beaucoup d’orchidées. Souper à la cantine et retour au studio vers 20h30. Les gens ici sont accueillants et sympathiques. Ce n’est pas encore très chaud ni ensoleillé, mais j’espère encore.

Samedi 7 mai – Levada da Serra

Plutôt une randonnée en forêt, car cette levada est asséchée et pratiquement inutilisée.

Le journal de Louise
07 mai – Soleil et nuages

Aujourd’hui lever à 7h car nous voulons aller au marché. J’ai goûté à des fruits de la passion, une minuscule tomate amère et de la canne à sucre. Il y avait beaucoup de fleurs et des poissons. Ensuite pour la fête des fleurs nous avons vu une parade d’enfants portant une fleur, symbole d’espoir, des enfants de 3-4 ans jusqu’à des ados. Puis vers 11h départ pour une levada en bus jusqu’à Camacha. Une randonnée de 3 heures sous un couvert forestier à 800 mètres d’altitude, la Levada da Serra. Puis le soleil nous a quitté dès que nous avons quitté le bord de mer, et c’était frais aujourd’hui en montagne. On a quitté la levada pour descendre une pente raide sur 300 mètres (c’est dur pour les genoux) jusqu’au jardin botanique. Retour à Funchal en bus puis repos au studio avant d’aller souper à la cantine.

Dimanche 8 mai – Péninsule de São Lourenço

Une journée maritime et sèche, dans la région “désertique” de Madère.

Le journal de Louise
08 mai – Soleil

Journée la plus ensoleillée depuis notre arrivée. Lever tôt à 7h00. Bus vers São Lourenço à 9h00 pour arriver à 10h20. Nous avons jaser avec une suissesse très sympathique. Marche le long de la péninsule, paysage plutôt désertique mais la mer et les falaises sont magnifiques. L’eau est aqua, les falaises mélangées de roche de plusieurs couleurs. Cependant très peu d’oiseaux de mer, beaucoup de touristes. Je me suis mis les pieds dans l’eau mais pour ce faire j’ai dû descendre et bien sûr remonter une falaise de 50m. (Ça m’a paru plus haut). L’eau était bonne peu de sable, des galets en abondance. Très belle randonnée mais on aurait pu y passer la journée; nous avons repris le bus à 14h afin d’être à Funchal à 16h pour la parade des fleurs. Nous avons dîner dans le bus. En ville il y avait du monde en quantité incroyable, réunis le long du parcours du défilé. C’était composé d’un char allégorique fleuri jouant de la musique, suivi de danseurs, surtout des danseuses, de 5-6 ans à jeunes adultes. Elles (ils) étaient habillées de robes multicolores avec des fleurs un peu partout. Mais après 3-4 séquences c’était répétitif. Il devait y en avoir 8 à 10, les dernières séquences on les a moins vues car on a décidé d’accélérer le défilé en remontant le parcours sur le trottoir. Bravo Jean-François et merci pour ta patience. Souper à la cantine mais ce soir après le défilé c’était bondé de monde. Ah j’oubliais nous avons aperçu l’île de Jean-François, qu’il cherchait depuis notre arrivée, Porto Santo.

Nous rencontrons au cours de cette randonnée une Suissesse sympathique  que nous croiserons plusieurs fois encore au cours des journées suivantes.

Lundi 9 mai – Levada do Furado

Une belle journée dans une sombre vallée forestière.

Le journal de Louise

09 mai   –   Nuages et un peu de soleil
Ce matin lever à 08h pour prendre le bus à 10h vers Ribeiro Frio à 860 mètres d’altitude. Belle randonnée sur la Levada do Furado, dans le bois le long d’une vallée sans habitation. Il y avait plusieurs petits tunnels le long d’une paroi rocheuse, super. A un moment donné, on voyait la vallée verdoyante puis la vallée avec quelques habitations plus bas et la mer au loin qui complétait le tout. Il faisait frais et c’était nuageux. Nous avons à nouveau rencontré la suissesse connue hier à São Lourenço. Beaucoup de touristes sur la levada et encore plus à notre départ à Ribeiro Frio car les autobus venaient faire admirer un élevage de truite. Nous nous sommes rendus à Portela 260 mètres plus bas, une randonnée de 3 heures pour reprendre un bus vers Funchal. Nous avons dîné en chemin près d’une maison forestière, il y avait des tables en gros tronc d’arbres et des bancs en grosses bûches rondes, c’était près de Portela. Arrivés en ville, on a voulu s’informer du prix d’une location d’auto pour faire le tour de l’île et aller aux pics montagneux inaccessible en bus. (Le taxi nous coûtait 35 € pour l’aller seulement.) Nous avons donc décidé de louer une auto Ford Fiesta à 138 € pour 4 jours. Nous sommes revenus avec au studio. Je ne sais pas si je vais conduire, les routes de montagnes étroites et à pic ça me fait peur.

 

Mardi 10 mai – Les hauts sommets (1er jour)

Le réseau de transport public de Funchal et de Madère est excellent. Les départs sont fréquents. Les horaires sont fiables. Il est donc assez facile de l’utiliser pour accéder aux parcours de randonnée, tout en demeurant à notre base de Funchal. Toutefois, il y a des exceptions. D’abord, le réseau ne permet pas l’accès direct aux hauts sommets ni même aux hauts plateaux. Aussi, comme les bus desservent tous les hameaux par les routes locales, les parcours sont assez lents; il est donc difficile d’atteindre les confins de l’île (et en revenir) dans la même journée. Pour ces raisons, nous avons donc décidé de louer une voiture, pour les quatre journées du mardi 10 au vendredi 13.

Notre objectif pour cette journée est de laisser la voiture au Pico do Arieiro (1818 mètres) et de franchir le tourmenté cordon vers le Pico Ruivo (1861 mètres), en passant par le Pico das Torres (1851 mètres).

Le journal de Louise
10 mai   –   Soleil

Jean-François s’est bien débrouillé avec la conduite automobile. Nous nous sommes rendus au Pico de Arieiro à 1818 mètres d’altitude. Nous avons été soufflés par le paysage de haute montagne, les différentes roches et les précipices. La randonnée était plus impressionnante que l’on pensait. On devait faire du Pico de Arieiro jusqu’au Pico Ruivo mais on ne s’est pas rendus c’était trop loin. Nous avons marché 6 heures et il restait encore environ 2 heures de marche pour se rendre. J’étais déçue mais la sagesse de Jean-François a fait que j’ai compris le bon sens car je voulais m’y rendre tout de même, je serais revenue trop fatiguée pour apprécier le retour. Pour me consoler, Jean-François m’a promis qu’on y retournerait le lendemain en s’y rendant par un chemin plus facile; on verra. Il y avait de longues descentes et de longues montées, et des tunnels (5) et des parois rocheuses impressionnantes. Beau soleil toute la journée et des vues à couper le souffle. Quelle belle randonnée. Retour au studio à 18h30, douche et souper. Coucher à 22h15, fatigués mais fort heureux de notre journée.

P.S.: on a eu un problème avec notre porte de garage, elle ne voulait plus s’ouvrir pour nous laisser sortir. Heureusement une porte cachée à l’étage supérieur nous a permis d’en sortir.

Mercredi 11 mai – Les hauts sommets (2ème jour)

Une seconde journée magnifique au Pico Ruivo, et sur la côte nord.

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11 mai – Soleil et nuages

Drôle de climat cette île, dans la même journée on a eu du temps chaud et ensoleillé en haute montagne, pour s’y rendre on a dû traverser les nuages et en redescendant vers la mer c’était nuageux et même à Queimadas la brume était à couper au couteau.

Nous sommes d’abord allés à Achada do Teixeira pour faire la randonnée jusqu’au Pico Ruivo, le plus haut sommet de l’île à 1862 mètres, celui-là même que je n’ai pu atteindre hier. Il faisait beau et chaud, nous avons dîné là haut. Paysage comme hier à couper le souffle. Retour à l’auto à 15h.

Ensuite promenade en auto jusqu’à Cabanas mais la route était bloqué à cause d’un glissement de terrain. Nous sommes donc revenus sur nos pas jusqu’à Santana puis nous avons fait un détour vers Queimadas. Là c’était magique: tout était verdure, on se serait cru dans la forêt de Sherwood, il y a des siècles; même sur l’asphalte il y avait de la mousse. Le temps était brumeux et tout était feutré. Il y avait même des maisons (2) avec un toit en chaume. L’une d’elle était ouverte au public, c’était une pièce unique avec emplacement de feu de bois et évier tout ça en pierre comme on aurait pu l’imaginer il y a longtemps. On entendait l’eau d’un étang qui s’écoulait avec des canards dans les deux étangs qui avaient comme abri une petite maison en toit de chaume. On aimerait bien y retourner car il y a une levada qui part de là et qui longe cette forêt là. Puis on est revenu par les voies rapides avec des tunnels et ça nous a pris seulement 35 minutes pour revenir de Santana à Funchal, alors qu’on en avait pris 75 pour y aller par les petites routes. Encore une très belle journée.

P.S. On a encore rencontré la suissesse sur la rue à Funchal. On devient des habitués de la ville, on y rencontre des gens qu’on connaît.

Jeudi 12 mai – Le nord-ouest de l’île

Une journée sur le plateau de l’ouest.

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12 mai – Orage et nuageux

Ce matin on prend la route en auto pour faire la Levada de Ribeira Grande, on veut en profiter pour faire le tour de l’île du côté nord. Donc l’autoroute vers Ribeira Brava puis la route de montagne vers Encumeada puis Rabaçal.

Le temps est de plus en plus gris, lorsque l’on part pour la levada qui devrait durer 1h50 aller retour. Il y a même des éclairs et du tonnerre, mais on part quand même. La levada est belle, pleine d’eau claire avec des truites qui nagent dans la levada. Surprise il y a une chute dans la levada avec des marches sur le côté, c’est celle qu’on voit sur les publicités de Madère. Le long du parcours il y a plusieurs petites chutes et à la fin une chute en 2 parties qui se jette dans un petit lac. Malheureusement c’est là que la pluie s’est mise à tomber. Le retour s’est donc fait sous la pluie avec le tonnerre qui est amplifié par la montagne. Le parcours est dans la forêt et avec l’odeur de la forêt mouillée, c’était calmant et rafraîchissant.

Retour à l’auto et sur la route de montagne vers Porto Moniz il y avait des pancartes de traverse de vache et le pire c’est que c’était vrai, on en a vu. Elles sont en liberté avec leur veau et se promènent un peu partout. On en a même vu une qui allaitait son veau, elle n’était pas du tout dérangé par notre présence. Ce qui est dommage, c’est qu’on a manqué de très beaux paysages sur la route car il pleuvait et on était dans la brume. On a dîné à Porto Moniz, dans l’auto mais sur le quai. Je trouve que le côté nord de l’île ressemble à la Gaspésie que j’adore. Porto Moniz est un port de pêche dans une baie entourée de hautes falaises. Encore là il y avait un promenade sur le bord de la mer mais il pleuvait et ventait fort, donc on a filé vers São Vicente. En route nous voulions faire un arrêt à Fanal mais on s’est pas rendu car c’est dans la montagne et plus on montait plus le brouillard était dense, c’était même difficile de voir la route. Nous sommes donc redescendus ça ne servait à rien de s’y rendre car on aurait rien vu.

A São Vicente après avoir franchi sur la route une douzaine de tunnels depuis Porto Moniz, nous avons tourné à droite sur l’autoroute vers Ribeira Brava où il y a aussi a un tunnel de 5.8 kilomètres. Il y avait de beaux paysages mais voilés par la brume, on a quand même apprécié notre journée. Retour à Funchal vers 16h30. Madère est une île tout en hauteur avec des vallées profondes. Les gens se sont bâti sur ces falaises et ont cultivé des lopins de terre sur des terrasses. Le réseau routier ancien fait le tour de ces falaises profondes, c’est donc très long de se rendre d’un point à un autre, on monte et on redescend tout le temps. Par contre ils ont construit des tunnels le long de la mer surtout, ce qui évite toutes ces vallées et qui permet de se déplacer plus facilement. Ce qui nous fait dire que l’île est grande et petite à la fois.

Vendredi 13 mai – Levada do Caldeirão Verde

Une journée dans un écrin de verdure et d’humidité.

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13 mai – Orage et soleil

Ce matin, au réveil, des orages électriques, un après l’autre jusqu’à 11h. Le temps étant moins gris par la suite on a décidé de partir quand même faire ce qui était prévu. Direction Santana puis Queimadas vers la forêt de “Sherwood” qu’on avait vu il y 2 jours. Nous sommes partis à 12h30 faire la Levada do Caldeirão Verde. Le sentier était vaseux mais pas trop glissant. Il a fallu traverser une chute qui tombait sur le sentier, impossible de l’éviter. Avec nos impers ce fût franchi sans problème et même avec plaisir. Belle forêt avec beaucoup de belles chutes, de la forêt humide pleine de verdure partout et le soleil est de retour. On s’est rendu jusqu’à une jonction de 3 sentiers et on est revenu sur nos pas car nous devions revenir à Funchal pour rendre l’auto à 18h. Durée de la randonnée 3 h.

Après avoir rendu l’auto qu’on avait essayé de nous voler (probablement mercredi sur le stationnement d’où on partait pour se rendre au Pico Ruivo), nous sommes allés magasiner. Les trottoirs sont inégaux car ils sont faits de petites pierres (certaines blanches et d’autres noires formant des motifs), ce qui peut provoquer certains déséquilibres… À la longue les pierres deviennent polies à force d’être piétinées, elles sont très douces. Les chauffeurs de taxi sont comiques: ils se stationnent à la file indienne mais, lorsque le premier part, les autres poussent l’auto sans démarrer leur moteur et se hâtent d’aller freiner juste au bon moment.

P.S. On a rencontré notre suissesse à l’heure du souper à notre cantine.

Samedi 14 mai – Curral das Freiras

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14 mai – Soleil

Le matin il y avait des nuages sur la mer mais ça s’est vite dégagé. Départ par bus, hé oui on trouve ça un peu plus difficile maintenant qu’on a connu l’auto. Direction Eira do Serrado, c’est en haut d’une montagne près de Pico do Areira et Pico Ruivo, en haut de la ligne des arbres mais sur un autre sommet. C’est là qu’on se rend compte que l’île n’est pas si grande que ça. Dans le fond de cette vallée il y a un village Curral das Freiras et un sentier qui y descend (ça servait anciennement à livrer le courrier). C’est le but de notre randonnée aujourd’hui, durée prévue 1h. Encore une fois les paysages sont impressionnants. Dîner au village et retour en bus mais avec un chauffeur cow-boy. Il roulait beaucoup trop vite sur des routes de montagnes. On a même failli faire un face-à-face avec un autre bus. Tout le monde dans le bus devait se tenir à 2 mains pour ne pas tomber. On se regardait et tous on trouvait qu’il allait trop vite. On est pourtant habitué aux chauffeurs qui roulent vite mais pas pour avoir peur, alors qu’avec celui-ci la peur était présente. Une fois arrivés à Funchal, Jean-François a fait une plainte en bonne et due forme. Puis marche en bordure de mer, on cherche de la crème glacée Ben&Jerry’s mais on en a pas trouvé alors qu’il y en avait à Eira do Serrado. On s’est contenté d’une collation sur la terrasse de notre studio, avant d’aller souper. On a rencontré notre suissesse 2 fois, pour la 5ème et 6ème fois.

Dimanche 15 mai – Levada dos Tornos

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15 mai – Nuageux avec quelques éclaircies et un peu de pluie

Aujourd’hui il faut que je vous explique pourquoi j’ai reçu un bécot sucré/salé. Depuis notre arrivée ici lorsque nous passons devant une ruelle nous nous donnons un bec car ruelle en portugais se dit bêco. Alors aujourd’hui nous sommes passés devant un restaurant Armazém do Sal (Le magasin du sel) et juste à côté il y avait Bêco do Açucar (Ruelle du sucre); donc Jean-François m’ a donné un bec sucré/salé.

Nous nous rendions prendre le bus vers João Frino pour prendre la Levada dos Tornos (une partie que nous n’avions pas fait) pour se rendre à Camacha. Surprise et chance ou malchance, on tombe sur le même chauffeur cow-boy qu’hier après-midi. Par bonheur quelques arrêts plus loin 2 contrôleurs sont montés dans le bus, il a ralenti et conduit normalement même si les contrôleurs sont redescendus plus loin. Malheureusement le temps était encore nuageux et humide avec quelque averses de temps en temps et quelques minutes de soleil à l’occasion. Une marche de 4h avec un dîner près d’une chute. Levada variée, en reconstruction, contenant peu d’eau. Visite de l’église de Camacha et retour à Funchal vers 17h. Chips et vin sur le patio du studio. Souper à la cantine après internet.

Lundi 16 mai – Entre Machico et Caniçal, le long de la mer

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16 mai – Soleil

Aujourd’hui ce fut ensoleillé car nous sommes restés sur le bord de la mer, en montagne c’était nuageux et brumeux. Départ en bus à 9h vers Pico do Facho en haut de Machico et oh surprise nous avions une vue superbe sur Machico et sur l’aéroport. Nous avons vu atterrir et décoller un nombre incroyable d’avions en peu de temps. À l’atterrissage ils étaient devant nous, mais plus bas “impressionnant”. Puis nous sommes descendus vers Caniçal qui est de l’autre côté de Pico do Facho et la descente n’était pas facile dans les hautes herbes et un sol inégal. Il y a un ami à 4 pattes cette fois (un chien) qui nous a suivi durant une bonne partie de la descente. Paysage de montagne et de bord de mer. Dîner sur le bord de la mer à Caniçal face au port qui est important, donc beaucoup d’action et les avions qui volaient face à nous à basse altitude. Quel spectacle surtout pour un garçon qui est encore jeune de coeur. Retour à Funchal pas trop tard pour nous donner le temps de faire nos valises avant souper, car demain on part très tôt. Un peu de lecture sur la terrasse puis souper chez Pingo Doce à notre cantine habituelle. Pour dessert Bolo de mel de cana, petit gâteau aux épices délicieux. Coucher tôt car le cadran sonnera à 6h demain matin.

Les impressions variées de Louise sur Madère
C’est une île bien sympathique. On s’y sent en sécurité. Funchal la capitale est une assez petite ville. On s’y sent comme chez soi, la preuve on rencontre fréquemment les mêmes personne (ex.: la suissesse).
Les gens ici sont sympathiques, les touristes ne les dérangent pas trop.
Il y a un nombre impressionant d’enfants et de femmes enceintes; et les enfants sont bien élevés.
Les femmes portent des bottes, même si nous on trouve qu’il fait chaud.
Il y a beaucoup de touristes, surtout des français (mal élevés pour la plupart), des allemands et des anglais.
La langue pour se faire comprendre est l’anglais.
C’est vrai que c’est l’île aux fleurs; toute l’île en est garnie naturellement. Les femmes en cueillent (dans les campagnes) ou en achètent (en ville) pour garnir leur maison.
Le système d’autobus est bon mais les conducteurs conduisent vite étant donné les routes de montagne. On paie en argent chaque fois qu’on monte dans un bus.
Le climat cependant nous a déçu; on croyait que ce serait plus ensoleillé que ce que nous avons eu.
Je croyais aussi voir plus d’oiseaux mais c’était toujours les mêmes et très peu d’oiseaux de mer.
Sur terre, les petits lézards et les grenouilles sont omniprésents.
Je me suis rendu compte que la campagne anti-tabac au Québec est efficace car ici les gens fument encore beaucoup, c’est surprenant.
Comme piéton c’est étonnant. Dès qu’on se présente à un passage, les autos arrêtent et nous laissent le passage. Par contre, les automobilistes n’hésitent pas à se stationner sur le trottoir, et c’est toléré.
Jour et nuit, à la ville comme à la campagne, on entend des coqs chanter, ainsi que beaucoup de chiens aboyer.
Au studio il doit y avoir un perroquet en cage tout près, car on l’entend souvent et toujours du même endroit. (Voir la solution le 18 mai)
Les chats, au grand déplaisir de Jean-François, sont présents au studio. Surtout un chat tout noir qui, la première nuit, a voulu s’introduire par la fenêtre, sans réussir car la toile était baissée. Par la suite, on l’a vu tous les jours venir voir s’il pouvait y avoir à manger. Mais Jean-François le recevait par un “pssst” et parfois par un jet d’eau pour lui faire comprendre qu’il ne voulait rien savoir de ses visites. Mais le chat était tenace et il revenait au moins une fois par jour. L’avant-dernière nuit, on a même eu droit à une bataille de chats sur le toit. Ce fut tout un grabuge.
Il y a trop de chauffeurs de taxi pour les besoins de la ville. Ils sont partout et nous offrent leurs services même là où on ne les attend pas.

Comme dans les aventures d’Astérix et d’Obélix, les cultivateurs utilisent la serpe pour travailler dans les champs (petits et en terrasse), pas de tracteur, ni de machinerie lourde. Les hommes se promènent avec la serpe en équilibre sur l’épaule, tout simplement.

Mardi 17 mai – Lisbonne

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17 mai – Soleil

Départ de Funchal ce matin, ce fut un très beau voyage. Donc lever tôt pour prendre l’aérobus de 08h. Départ de l’avion à 10h25, bye Madère. On a bien vu Porto Santo l’île de Jean-François. Arrivée à Lisbonne à 11h45. On prend l’Aérobus jusqu’au centre ville (Place Rossio) car la pension (chambre avec salle de bain privée) qu’on a réservée s’y trouve. C’est à 2 coins de rue de l’arrêt de bus. Pas de difficulté à trouver mais on aura pas la chambre qu’on devait avoir elle sera libre seulement demain. Donc on s’installe dans une petite chambre avec douche, bidet et lavabo. Un lit double mais petit (on est pas habitué) mais c’est propre ça va. Pensio Rossio deuxième étage d’un vieil édifice du centre ville avec plafond haut, petite chambre de type européen, j’avais oublié ce que c’était. Puis visite de la ville on marche au gré du vent. Vieille ville en reconstruction avec de vieux édifices, certains sont beaux et d’autres mal entretenus ou carrément abandonnés. Souper dans un resto portugais, on a mangé du poisson, moi du corvina et Jean-François des langues de morues (il paraît que c’est aphrodisiaque !). Retour à la chambre 22h30, il fait 26 C.

Mercredi 18 mai – Lisbonne

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18 mai – Pluie, suivie de nuages avec périodes ensoleillées

Ce matin au réveil il pleut, donc on a flâné dans la chambre. Déjeuner de fruits qu’on avait apporté de Funchal. Le temps s’éclaircit et on sort vers 11h30. On se rend visiter le château qui surplombe la ville. Beau château construit au 11ème siècle. Le reste de la journée on déambule dans la vieille ville, même impression qu’hier. Souper au poisson dans autre resto portugais (ça ressemble à chez Schwartz à montréal). Retour à la chambre vers 21h. Ah oui j’oubliais, aujourd’hui en allant au château il y avait des paons et ils criaient exactement comme le perroquet du studio de Funchal. Donc ce que nous avions pris pour un perroquet devait en fait être un paon qui vivait au château sur la colline face à notre studio.

Jeudi 19 mai – Lisbonne

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19 mai – Soleil

Belle journée ensoleillée. On ne se presse pas et on part vers 10h30 pour notre tournée en ville. Petit déjeuner au café du coin, puis traversée du Tage en bateau qui fait la navette entre les 2 rives. On prend ensuite le tramway no 28, vieux tramway qui parcours la ville, très beau. De retour à la chambre, on décide de se rendre au zoo en métro. Belle visite au zoo, on a débuté par un tour de téléphérique puis on a visité jusqu’à 18h45. On a vu un spectacle de phoques et de dauphins, comme j’en avais vu en Californie. Très bon souper au resto sous la pension qu’on habite, la spécialité du propriétaire, riz au fruits de mer, délicieux. Après pour notre dernière soirée nous sommes allés marcher jusqu’au fleuve. Soudain on a vu des gens courir qui venaient de toute les directions, et puis de plus en plus de coureurs, des dizaines et des dizaines, c’était un peu inquiétant. On a su que c’était un rallye fait à la course à pied, dans la ville, la nuit. On l’a su car il y avait un point de rallye tout près de nous. Ce fut tout un spectacle, ça valait la peine de voir tous ces gens courir, il y en avait de tous les genres. On retourne à la chambre se préparer pour le retour demain, mais on s’est arrêté manger un dessert avant. Merci pour le beau voyage.

Vendredi 20 mai – Le retour à Québec

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20 mai – Soleil en Europe et pluie en Amérique

Plein soleil ce matin à Lisbonne. Lever à 6h00 et départ de la pension à 6h40. Arrivée à l’aérobus 2 coins plus loin, nous constatons qu’il ne passe pas avant 7h50. Ça pourrait aller mais un taxi nous a proposé de nous prendre avec une autre personne pour moins cher que le bus, alors c’est ce qu’on a fait. C’était la première fois que l’on se laissait convaincre par un chauffeur de taxi de prendre celui-ci plutôt que le bus. Avion de Lisbonne à Newark sans retard, donc on est à l’heure pour notre transfert vers Québec, même si passer aux douanes américaines c’est long. Il pleut à Newark. Départ prévu à 15h29, retardé à 15h50. On attend sur la piste plus d’1h30 car il fait mauvais vers le nord, le ciel est fermé. Le pilote nous dit qu’on doit remettre de l’essence, mais changement d’idée on part finalement vers le nord-ouest sans en remettre. Je n’aime pas ça, ça m’inquiète. On part à 17h40. Le vol s’est bien passé compte tenu du mauvais temps, il y avait de gros nuages menaçants et on sentait que le pilote les évitait le plus possible. Arrivée à Québec à 18h55, je suis soulagée. Fanny et Danaé sont venus nous chercher à l’aéroport. Danaé était heureuse de nous voir, elle nous a fait de grosses colles. Elle dit pour nous accueillir: “L’éléphant barrit…”. Jean- François tient à souper pour reprendre la décalage horaire (5h), on se couche à 22h bien fatigués mais heureux.